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"Grexit,Brexit. Deux standards"

Textes et données d'approche générale de la crise

"Grexit,Brexit. Deux standards"

Messagepar rousski » Dim 21 Fév 2016 10:33

« Grexit, Brexit, deux standards »


Extraits d’une chronique du commentateur politique Hubert Huertas pour Médiapart le 19/02/16 :

Grexit, Brexit. Deux menaces de sortie pour l’Europe …Dans les deux cas, des nations veulent détourner les règles. Dans les deux cas, elles ont dégainé un référendum. Mais là s’arrête la ressemblance. Tsipras était le diable, Cameron est un partenaire.

La Grèce appartient à la zone euro et entend y rester, mais voulait reprendre son souffle après des années d’austérité. La Grande-Bretagne a conservé sa monnaie mais voudrait … avoir un droit de regard, jusqu’au veto sur la politique économique de la zone euro. La Grèce est pauvre et voulait déroger pour le devenir un peu moins, la Grande-Bretagne est riche et voudrait un statut spécial, à la fois en dehors et en dedans, pour le devenir un peu plus.

Dans les deux cas, ces revendications coûtent cher à la communauté, et risquent de provoquer des contagions. Aider les Grecs … aurait amené les pays européens à fermer les yeux sur certaines dettes et aurait pu inspirer d’autres pays … Mais tolérer l’originalité britannique coûte également des milliards…depuis longtemps. Souvenez-vous de l’agacement de Jacques Chirac devant les exigences de Margaret Thatcher… en 1988 : « Mais qu’est-ce que elle me veut de plus cette mégère ? Mes couilles sur un plateau ? ». Cameron… veut introduire des formes de droits d’exception qui lui permettraient, sur le plan social, sur les banques et au niveau de l’immigration, de faire ce qu’il veut à la maison ... et son exigence intéresse de nombreux pays, la Hongrie par exemple …

Dans les deux cas, l’Europe s’est trouvée confrontée à un référendum, c’est-à-dire l’expression d’une opinion publique. Quand Tsipras a convoqué le sien, la presse française a hurlé au scandale … Le ton est fort différent avec la Grande-Bretagne …et les éditorialistes ont rangé leurs adjectifs vengeurs …

Le Président de l’Eurogroupe disait dès janvier 2015 au nouveau gouvernement grec : « C’est le mémorandum ou l’échec du programme ». Manuel Valls souligne que la sortie de la Grande-Bretagne serait « un choc pour l’Europe, mais surtout un choc sur le regard que le monde porterait sur l’Europe qui connaîtrait ainsi une crise ». Autant dire que l’Europe est appelée à céder… De même Angela Merkel indique le chemin à suivre : son pays était dur en affaires avec la petite Grèce, et voilà qu’il est tout miel avec la Grande-Bretagne, même sur la question sensible de la limitation des prestations sociales : « Les demandes de David Cameron sont compréhensibles et justifiées …Il est évident que chaque pays membre doit pouvoir protéger son système social contre les abus »… Cette « défense d’un système social contre les abus » était pourtant la revendication des Grecs …mais on parlait des abus de la finance (et vu de l’Europe, c’était une calamité), alors qu’en Angleterre il s’agit de se protéger des hommes (et pour l’Union, ce serait moins illégitime).
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rousski
 
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Re: "Grexit,Brexit. Deux standards"

Messagepar Okine » Dim 21 Fév 2016 21:52

Le psychodrame du ''Brexit'' rappelle une déclaration de Jacques Delors lors du lancement du Pacte civique en 32 points les 14 et 15 mai 2011 :

'' ... la société est devenue plus individualiste. Et l'idéologie du “tout marché” renforce cela : nous venons de vivre une décennie marquée par l'idée que le marché et la compétition devaient être la sanction de tout. Les milieux financiers se comportent avec indifférence et cynisme, appliquant à la lettre le titre
du film de Woody Allen “Prends l'oseille et tire-toi” ''
........
'' ... la poussée populiste s'avère destructrice, notamment pour l'Union européenne. Comme si le patriotisme ne pouvait être bâti que sur le rejet des autres ou le rejet du réel. Il faut rappeler à cette France, un peu neurasthénique et désabusée vis-à-vis du politique, que nous vivons désormais à l'âge des interdépendances, que celles-ci sont indispensables et qu'il faut même en créer d'autres.''

Voir http://www.institutdelors.eu/media/la_vie_jd_17_mai_2011.pdf?pdf=ok

Les interdépendances voulues par les fondateurs de l'UE afin d'y rendre la guerre impossible se sont heureusement concrétisées.
Ironie de l'Histoire, les intérêts du Royaume-Uni et de ses partenaires de l'UE sont désormais tellement intriqués que celle-ci est prête à se couper bien plus qu'un bras pour que le RU reste au sein de l'UE.
Pour ne pas désespérer de l'Europe, il est plus que jamais nécessaire de ''créer d'autres'' interdépendances entre les pays qui le souhaitent.
Une Europe qui ne doit pas se laisser dégrader en simple zone de libre-échange, objectif de longue date du RU ( il y a déployé tous ses efforts depuis un demi-siècle).

Pendant que le Royaume-Uni se regarde le nombril, le gouvernement russe de monsieur Poutine, après avoir évalué les rapports de force puis résolument annexé la Crimée et déstabilisé l'est de l'Ukraine, réplique maintenant aux sanctions économiques de l'UE en suscitant, par son intervention directe en Syrie, un flot de réfugiés supplémentaire pour achever de déstabiliser l'UE.
Ce dessein est en bonne voie si des États européens soucieux de leurs petits intérêts nationalistes continuent de regarder ailleurs.
Les voisins de la Russie comptent-ils se défendre avec leurs petits poings après avoir tant voulu et réussi à se dégager de la ''protection'' du grand frère URSS ?
Okine
 
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