Une nouvelle fois, Mario Draghi aura créé la surprise.
On se souvient que, déjà, le 6 septembre 2012, la Banque centrale européenne (BCE) avait fait fort en annonçant que, en cas de nécessité, elle interviendrait sans limite sur le marché de la dette publique de la zone euro pour contrer les primes de risque élevées réclamées à certains pays. Cette décision avait été prise à l'unanimité du Conseil des gouverneurs, sauf une voix : celle du représentant de la Bundesbank allemande. On sait depuis peu que le gouvernement allemand a consulté la Cour de Karlsruhe sur la conformité de ce dispositif aux missions de la BCE.
Cette semaine, la BCE a décidé de baisser son taux directeur d'1/4 de point, le ramenant ainsi à un plus bas historique de 0,5 %, en vue de soutenir l'activité économique de la zone euro.
Là encore, cette décision a été prise en dépit d'une opposition déclarée des milieux bancaires et gouvernementaux allemands, toujours aussi agrippés à la politique d'austérité et tétanisés par le spectre de l'inflation.
Son effet a été quasi immédiat sur les taux d'emprunt public à long terme de l'Espagne et de l'Italie, qui viennent de repasser sous la barre des 4 %. Tout cela n'est pas anodin : ce sont des milliards d'euros de dette publique qui peuvent ainsi être économisés.
Il aura donc fallu un ancien de Goldman Sachs à la tête de la BCE pour que l'infernale pression des "marchés" sur la dette publique se desserre un peu !
Que conclure de tout cela ?
1/ Que le patron économique de l'Europe aujourd'hui est le patron de la BCE. Ce n'est pas tout-à-fait une nouveauté mais c'est tout-à-fait anormal, car la BCE, indépendamment du fait qu'elle ne peut agir que sur le levier monétaire de la politique économique, est hors du circuit démocratique. Encore heureux que ce "despote" soit parfois bien inspiré !
2/ Que les marchés ne sont pas demandeurs d'austérité. Ils ont désormais, eux aussi, besoin de relance économique.
Voila qui pourrait aider les pays qui vont tenter de contrecarrer les excès de la politique d'austérité lors du prochain sommet européen.