par slaïgo » Dim 13 Mar 2016 22:58
C’est frappant ! Mais ce qui est tout aussi sidérant, c’est la lenteur de la réaction politique. La COP 21 était un succès diplomatique et médiatique, mais au-delà ?
Maxime Combes, économiste et membre d’Attac France, a souligné le 3 mars sur son blog, abrité par Médiapart, que la Commission européenne, dans une communication publiée la veille, s’en tient à l’objectif dont elle s’est déjà doté, c’est-à-dire une réduction de 40% des émissions des gaz à effet de serre (GES) de l’Europe d’ici à 2030.
Un si faible objectif revient à repousser à l’après 2030 l’essentiel des efforts à mener pour obtenir une réduction de 80% des GES en 2050 par rapport à 1990, le minimum exigible de l’UE selon les données du GIEC. A supposer que l’objectif de
moins 40% d’ici à 2030 soit atteint, il faudrait encore diviser quasiment par trois les émissions de l’UE entre 2030 et 2050, c’est-à-dire une diminution de 5% par an entre ces deux dates, ce que personne ne sait faire et ne peut garantir, alors qu’un effort continu dans le temps permettrait de tabler sur un taux de réduction des émissions plus raisonnable de 2,5% par an ; pour 2030 le taux actuellement planifié est à peine de 1,3% par an.
Pour le climatologue Kevin Anderson du Tyndall Centre for Climate Change Research, un si faible objectif pour 2030 montre que l’UE s’ affranchit du budget carbone que le GIEC lui assigné pour rester en deçà des 2% de hausse de température. La majorité des ONG en Europe réclament de l’UE un objectif minimal de 55% de réduction d’émissions des GES d’ici à 2030. C’est donc en toute connaissance de cause, hypothéquant de fait les objectifs assignés par l’Accord de Paris, que la Commission refuse de revoir ses objectifs à la hausse.
La Commission européenne institutionnalise ainsi la procrastination à l’échelle mondiale. Elle invite tous les grands pollueurs de la planète des Etats-Unis à la Chine à faire de même.