Au début d'un nouveau siècle, il est bien imprudent de dire qu'un événement retiendra plus tard l'attention des historiens. La crise financière de 2007-2008, ainsi que ses conséquences économiques, ne semblent pas cependant à ce jour, dans son domaine, un élément mineur destiné à être oublié.
Elle met en lumière la folie d'un système que les hommes ne maîtrisent plus et les métaphores utilisées souvent pour en parler (tempête, raz de marée, tsunami.....) montrent bien que pour de nombreux analystes, il s'agit de phénomènes incontrôlés comme les grandes catastrophes naturelles.
Cette crise était-elle aussi évitable ?
Cela semblait être le cas dans les semaines et les mois qui ont suivi ces évènements. On a entendu sur tous les continents, les voix des responsables politiques promettre des réformes d'envergure pour éviter le retour d'une telle catastrophe.
Passés ces premiers moments d'émotion, la peur du changement, le manque de courage, les intérêts particuliers et les égoïsmes nationaux se sont empressés de revenir à la manœuvre.
Le débat a porté très vite sur ce qui avait été longtemps considéré, juste après la crise, comme la cause fondamentale de ces dérèglements, à savoir la séparation des banques de dépôts et de marché. Il en est résulté une absence de véritable réflexion sur les objectifs que devait respecter la réforme du système financier. Les accents de la campagne électorale française, sur le sujet, ont été, de ce fait, bien pauvres, imprégnés d'un manichéisme primaire et aux antipodes des problèmes fondamentaux qui concernent le plus grand nombre.
Pouvait-il en être autrement dans des États qui réagissent plus aux exigences des calendriers électoraux qu'aux mouvements de fond sur lesquels reposent les sociétés humaines ?
Les États-Unis, la Grand Bretagne, L'Europe et ses États membres sont bien cependant entrés dans un processus de réformes, mais de façon non coordonnée; comme si, à la dimension globale de la crise économique et des formidables moyens financiers mis en œuvre, il fallait donner des réponses locales !
Les instances internationales telles le G2O, le Comité de Bâle ou même l'Union Européenne ont montré leur incapacité partielle à fédérer cette riposte.
Les nouvelles dispositions mettent souvent l'accent sur la supervision et l'auto-contrôle, sans se risquer à trop de directivité. Nul ne sait trop ce que le cantonnement ou la filialisation, version modifiée de la séparation des banques, apporteront dans l'avenir.
Les obstacles à de véritables changements ont nom libéralisme triomphant, lobbies, pensée unique, égoïsmes nationaux et autres visions à court terme.
Il est à craindre que les populations lassées de tant de faux semblants et de désintérêts pour leur cause, au profit d'un petit nombre, ne finissent par bouder le processus démocratique ou à l'utiliser pour le triomphe des divers populismes, voire pire.
Nos élites ont-elles conscience de la responsabilité qu'elles portent et des conséquences possibles que l’analyse historique devrait leur enseigner ?
C'est ce thème qui est plus longuement développé dans le texte joint au travers de l'étude :
Des leçons de la crise
Du contenu de la réforme bancaire
Du rôle des groupes de pression