Divide ut regnes. Les romains l'ont fait, les grecs anciens aussi, Diaírei kaì basíleue. Et puis Machiavel a repris le concept à son compte, Divide et impera.
Voilà donc à quoi en serait réduit l'humanité.
La classe moyenne existe-t-elle réellement, et a-t-elle jamais existé? Personnellement j'attends toujours une définition précise de ce concept. "La classe sociale dite « classe moyenne » rassemble un ensemble de populations hétérogènes, situées au-dessus des classes pauvres et en dessous des classes aisées." Oui, mais qu'est-ce qu'une classe pauvre, et qu'est-ce qu'une classe aisée? Et qu'est-ce qu'une population hétérogène?
Et qui a véritablement envie de faire partie d'une classe dite moyenne? Tu es quoi dans la vie? Je suis moyen. Voilà qui me semble peu réjouissant comme perspective. Pourquoi passer par un concept globalisant pour expliquer simplement que des gens s'appauvrissent, tandis que d'autres s'enrichissent, et que le déséquilibre généré crée de multiples tensions dans notre société. Pourquoi vouloir opposer des classes qui seraient supérieures, inférieures ou moyennes, alors que tout cela n'est finalement qu'une vue de l'esprit. Ne devrions-nous pas plutôt nous penser en terme de hauteur, et sortir de cette idée qu'il existerait une gauche et une droite, des pauvres et des riches, que tout opposerait? Je pense personnellement, à l'instar de Vincent Engel, que ce qui détruit notre société n'est plus lié à l'appartenance à une classe, mais plutôt à l'existence d'un système qui permet aux puissances économiques et financières de confisquer les droits et les pouvoirs politiques des citoyens.
Et pour revenir à la hauteur, Vincent Engel introduit aussi l'idée d'une logique verticale qui me semble prometteuse :
Dans la chronique citée ci-dessus, j’essayais d’opposer à la logique horizontale gauche-droite une logique verticale (haut-bas), où le haut représente la défense de valeurs altruistes (qui ne sont pas le domaine exclusif de la gauche), et le bas, la soumission complaisante aux intérêts égoïstes, personnels ou nationalistes, le nationalisme n’étant rien d’autre qu’un individualisme et un égoïsme collectifs, fondés sur l’illusion d’une identité singulière et supérieure aux autres. Rester « en haut » – ce qui ne correspond pas à une classe dominante, cette « oligarchie élitiste » fantasmée par les pourfendeurs des forums – représente un effort constant, bien peu compatible avec les clichés sur les bobos-bisounours-gauche-caviar-padamalgam. Ce serait tellement plus facile et plus confortable de se laisser aller aux amalgames et à leur cortège d’idées courtes, simples, expéditives… assassines !
http://plus.lesoir.be/71652/article/2016-12-03/les-bobos-bisounours-gauche-caviar-padamalgam-vous-saluent#_ga=1.64008943.1335033152.1481196761Maintenant, pour montrer une forme d'absurdité de la notion de la classe moyenne: le revenu moyen en Roumanie est de 425 euros. Si l'on considère que gagner deux fois le revenu moyen correspond à l'entrée dans la classe supérieure, un roumain qui gagnerait un peu moins de 1000 euros par mois ne serait-il pas considéré comme pauvre en France. Tout est donc relatif. La classe moyenne française est très riche en comparaison de la classe bourgeoise africaine. Tous les français sont donc les bourgeois des africains. Et l'africain de se dire, ils se plaignent, alors qu'ils ont quasi tous un téléphone mobile, et moi je meurs de faim.
Au début du 20ème siècle, nos aïeux se sont battus pour obtenir le droit de circuler librement. Avant cela, un individu pour pouvoir quitter son village devait obtenir l'autorisation de son patron. Ce droit, nous l'avons maintenant inscrit dans nos relations entre pays européens. Voilà qui devrait nous réjouir. Mais avec un droit, vient toujours une obligation. Et l'obligation que nous avons aujourd'hui, afin de conserver notre droit, c'est de prendre conscience et oeuvrer à l'amélioration du sort de ceux qui font partie de notre communauté. Ne serait-il pas temps de se penser véritablement européen, voie vers une pensée mondialisée? Nous ne résoudrons pas nos problèmes en nous concentrant sur nous-mêmes. Partout on l'entend, c'est la mondialisation qui pose problème. Et partout, toujours cette même réponse de se focaliser sur son petit pré pour trouver des solutions. La solution, passe autant par le monde que par notre pré. Et l'oublier, c'est permettre à ceux qui nous dominent de continuer de le faire, en nous divisant toujours plus.