par voxpop » Mer 30 Jan 2013 20:36
Il est vrai que Patrick Le Lay a pas mal cultivé la provocation mais, dans le cas présent, si sa déclaration n'était pas une profession de foi, ce qui reste à démontrer, elle était en tout cas le fidèle reflet de son action à la tête de TF1, qu'il a présidée pendant plus de 20 ans, de février 1988 à juillet 2008.
Il a lui-même précisé sa pensée dans un entretien avec Télérama :
" Ce n'était pas une interview officielle. Le MEDEF m'avait appelé en me disant : on interroge des dirigeants d'entreprise sur le changement et le mouvement. Je ne me souviens plus précisément de cet entretien, mais, comme souvent, j'ai dû parler deux heures à bâtons rompus et tenir ces propos pendant la conversation. Je ne reconnais cependant pas le métier de TF1 dans cette formule et je ne me retrouve pas dans les propos qu'on me prête : on me transforme en marchand de cerveaux !
Je reconnais que cette formule était un peu caricaturale et étroite. Mais, encore une fois, c'était une conversation et j'ai l'habitude de forcer le trait pour faire comprendre les concepts.
Le métier de TF1, c'est l'information et le programme (fiction divertissement, sport, magazines de découverte). Nous sommes une grande chaîne populaire et familiale dont l'objectif est de plaire à un maximum d'audience. Nous vivons de la publicité, mais ce sont nos clients qui mettent au point les spots que nous diffusons. En réalité, que vendons-nous réellement à nos clients ? Du temps d'antenne.
La logique de TF1 est une logique de puissance. Nous vendons à nos clients une audience de masse, un nombre d'individus susceptibles de regarder un spot de publicité.
Pour les annonceurs, le temps d'antenne ne représente rien d'autre que des contacts clients. De l'attention humaine. En particulier celle de la fameuse ménagère de moins de 50 ans, largement décisionnaire dans les achats de produits alimentaires, entretien ménager et de beauté. "
C'est moins abrupt, mais cela ne remet pas en question la formulation lapidaire dont nous discutons ici.
Il déclarera aussi en 1987 à Libération : " On ne vit plus qu'avec les chiffres de l'audimat. [...]. Passer une émission culturelle sur une chaîne commerciale à 20 h 30, c'est un crime économique ! C'est quand même à l'État d'apporter la culture, pas aux industriels. "
Confrontons maintenant ces déclarations avec son discours lors de l'audition du groupe Bouygues pour la reprise de TF1 (1986) :
" Le projet de reprise de TF1 que nous vous présentons aujourd'hui est bâti autour de quelques idées simples. Tout d'abord respecter le téléspectateur. [...] En second lieu, nous avons cherché à donner une dynamique nouvelle à la création française. Faire absorber au public français des séries américaines, ce n'est pas une fatalité. [...] Je crois que le fonds de commerce, la réputation d'une chaîne, elle est faite bien sûr de son audience, mais elle est faite aussi de sa réputation. Et une chaîne de télévision qui prétend être la première en France ne peut pas le rester uniquement sur la diffusion des programmes les plus simples à absorber.[...] La culture française est menacée, c'est vrai. Mais la culture française doit résister. Parce que la culture, elle exprime le besoin et le désir de vivre ensemble, parce que la culture exprime une vraie communauté de mémoire, une vraie communauté de projet. "
Il y a quelque chose qui vous choque ?
Patrick Le Lay exercera ensuite ses talents professionnels en tant que Président du fonds Sendipity (Pinault et Bouygues), axé sur le développement du jeu et des paris sportifs en France. Toujours cette passion pour la culture !
Source des citations : Wikipédia