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Nouvel avatar du totalitarisme

Nouvel avatar du totalitarisme

Messagepar Okine » Dim 15 Nov 2015 19:40

Paris, 13 novembre 2015, j'entends ici et là que ce sont nos valeurs que l'on cherche abattre.
Les valeurs : vaste débat ...
Peut-on dire que les Français ont les mêmes valeurs ?
Est-ce des valeurs de la République que l'on parle ?
Ou des valeurs de la Charte des Droits Fondamentaux de l'Union Européenne ?
On pourrait encore élargir ...

Au-delà de ce débat ( certes indispensable ), on peut considérer que le mouvement commanditaire des attentats
du 13 novembre 2015 à Paris ( et autres ) est un NOUVEL AVATAR DU TOTALITARISME : ce qui est visé, c'est la pensée libre.

Voir la définition bien documentée du totalitarisme dans WIKIPÉDIA : https://fr.wikipedia.org/wiki/Totalitarisme

Le but de cette violence déchaînée, de sa mise en scène ? Le pouvoir.

Ici une interprétation dévoyée d'une religion est un paravent, un levier puissant capable de fanatiser, de galvaniser,
bref, un atrappe-nigauds mis au point par des experts en manipulation mentale.
Okine
 
Messages: 18
Enregistré le: Ven 16 Oct 2015 14:28

Re: Nouvel avatar du totalitarisme

Messagepar Demos » Lun 16 Nov 2015 12:43

Au-delà de ce débat ( certes indispensable ), on peut considérer que le mouvement commanditaire des attentats
du 13 novembre 2015 à Paris ( et autres ) est un NOUVEL AVATAR DU TOTALITARISME : ce qui est visé, c'est la pensée libre.


Tout d'abord il faudrait s'entendre sur les réels commanditaires de ces attentats? Daesh? Qui finance Daesh, comment est-il né dans une région contrôlée par les forces américaines, rappelons-nous, au nord de l'Irak.

Peut-être devrions nous réfléchir à la manière dont nos gouvernements, et ceux de nos alliés ont géré ce qu'on appellera pudiquement la "crise irakienne". Après la destruction de l'autorité publique, l'Etat irakien, et sa déstabilisation, le protectorat américain s'est appuyé sur des mouvements locaux, mafieux, pour contrôler les moyens de production, tout en n'assurant aucune des responsabilités étatiques, publiques. En permettant ainsi la mort de centaines de milliers de gens innocents. Un drôle de monde, ou l'on vient vous sauver d'une dictature, et au bout du compte, vous vous retrouvez avec des Daesh dans les pattes. Et un pays totalement ravagé.

Daesh est fort probablement l'un des multiples groupes avec lesquels "l'occident" a travaillé, collaboré, en Irak. C'est peut-être ça qui différencie ce début de 21ème siècle. Au 20ème siècle, les choses semblaient plus simple. Lorsqu'un dictateur arrivait en bout de course, on venait simplement donner un petit coup de pouce à son successeur. Ainsi les choses pouvaient continuer comme elles étaient. La stabilité permettait le développement du commerce libéral, des échanges, et de l'exploitation des matières premières, nécessaires à l'épanouissement de notre société civilisée. Et pour se donner bonne conscience, on consacrait quelques % de notre PIB à l'aide au développement.

Les choses étaient parfaitement ordonnées, et relativement simples à contrôler.

Aujourd'hui, il semblerait que le monde se soit compliqué. On le voit dans les pays d'Amérique du sud, il devient beaucoup plus difficile pour nos services secrets de continuer à soutenir des dictatures, sans prendre le risque de déstabiliser entièrement ces pays. Tout simplement parce que la région est devenue un marché de consommateurs, et pas uniquement un producteur de matières premières. Raison pour laquelle, il nous a fallu infléchir notre politique impérialiste. La démocratie étant devenue un plus grand facteur de stabilité, elle a probablement été perçue par les milieux financiers comme préférable au chaos qui aurait pu naître si l'on avait continué d'appliquer les anciennes recettes.

Par contre, dans les pays du proche-orient, la stabilité et l'ordre ne semble pas aussi nécessaire. Ces pays ne sont pas des marchés de consommateurs. Les troubles, et la destruction de l'Etat, ne semble pas atteindre aussi fortement les possibilités d'accéder aux ressources naturelles à bon prix. Au contraire même, il est probablement plus intéressant d'acheter le pétrole à Daesh, ou à un autre groupe du même type, plutôt qu'à un Etat, qui devrait en partie utiliser ses bénéfices pour le bien public. Aujourd'hui le pétrole vendu par Daesh, coule jusqu'en Europe. Et plus loin, Daesh et le régime d'Assad exploitent en cogestion certaines raffineries de gaz (voir le Financial times sur la question).

Nous n'avons manifestement qu'une vision très limitée de ce qu'est réellement Daesh, et des relations que notre système économique, et nos Etats entretiennent avec ces mouvements. Et pendant que nous gonflons les biceps, et que nous entrons en guerre contre Daesh, des milliers d'autres petits Daesh continuent d'oeuvrer, de racketer, de vendre et d'exploiter pour le plus grand profit de quelques-uns.

Ce n'est pas Daesh notre ennemi, et aucune guerre ne changera jamais ça. Notre ennemi, il est en nous. C'est notre dépendance totale à un système consumériste. Qui nous oblige à croître toujours plus, et à aller toujours plus loin dans l'exploitation de notre planète. La question essentielle, et celle qui fera que demain, des fous de Dieu ne viendront plus se faire exploser dans nos salles de divertissement, c'est de savoir comment nous allons faire évoluer notre société consumériste, pour qu'elle ne soit plus dépendante de l'exploitation du monde. Voilà bien le défi. Et même la nature, aujourd'hui, nous oblige à repenser notre société.

Ce qui est donc visé par ces attentats, c'est donc en effet, la pensée libre. Celle qui nous fait réfléchir aux causes et aux conséquences. Ne tombons pas dans ces discours haineux, gardons-nous de décisions prises sous l'emprise de l'émotion, et continuons notre travail de compréhension du monde, afin que puissent naître des solutions politiques à nos problèmes.
Demos
 
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Re: Nouvel avatar du totalitarisme

Messagepar Demos » Mer 18 Nov 2015 02:08

Le consumérisme, théorie qui considère que l'augmentation de la consommation des biens fournit un bénéfice économique, ne serait-il pas à l'origine de la noirceur de notre monde?

Même si la notion n'apparaît que tardivement, j'ai tendance à penser que le consumérisme n'est pas une tendance moderne. Déjà sous l'empire romain, l'économie semble déjà dépendante de la consommation des citoyens romains. L'empire croît, amène toujours plus de biens de consommation, pour satisfaire le peuple romain.

A cette époque naît le christianisme, et quoi que l'on puisse en penser, cette philosophie religieuse semble s'être opposée au consumérisme, et prône d'ailleurs une consommation raisonnée, tout comme le pape actuel le rappelle souvent. D'autres religions, comme la religion musulmane, suivent la même voie.

Plus récemment, le communisme s'est en partie opposé au consumérisme.

Toutes ces philosophies, religions, sont discréditées aujourd'hui, et se sont pour la plupart rangées derrière le principe du consumérisme. Elles ont en quelque sorte abdiqué.

A force de ne parler que de capitalisme, de communisme, d'islamisme, peut-être passe-t-on à côté du réel enjeu du 21ème siècle. Comment sortir nos sociétés du mouvement consumériste, qui les emportent toujours plus vite, toujours plus loin dans la destruction de notre environnement, et de notre système?

Le crise des migrants, aujourd'hui, est frappante d'intérêt. L'Euro consommateur ne voit-il pas dans le migrant, un risque majeur à sa capacité de consommer? Et pourtant, l'Euro consommateur n'aurait-il pas une part importante de responsabilité dans l'existence même des crises qui poussent toujours plus de réfugiés vers nos contrées?

D'une certaine manière, la consommation ne serait-elle pas qu'une une forme de drogue, et le consumérisme, la doctrine qui nous rend dépendants? Prenons l'exemple de la voiture. Pour fabriquer cette dernière, une chaîne de production incroyable est mise en place. Pour une tonne de produit fini, ce sont des quantités vertigineuses de matières premières qui doivent être extraites et transformées. Au cours de ce processus un nombre important de personnes vont être exploitées. Tout cela va entraîner de la misère, un peu partout sur la terre, principalement dans les pays du sud. L'acheteur final, lui, ne se soucie guère de ce processus, parce qu'il lui faut absolument cette voiture, pour tenter d'exister.
Et à chaque achat, il se lie lui-même un peu plus à la chaîne du consumérisme. Le système va jusque créer une invraisemblable procédure de production, appelée obsolescence programmée. Le bien produit est dégradé lors de sa fabrication, volontairement, afin de pouvoir en créer davantage, et rendre le consommateur toujours plus dépendant en l'obligeant à renouveler son achat le plus souvent possible. La version moderne du consumérisme serait-elle source d'instabilité, de frustration?

C'est un peu le serpent qui se mord la queue. Pour exister, je consomme toujours plus, et ce faisant, je rends mes conditions d'existence toujours plus précaire, car la production détruit l'environnement. Mais d'un autre côté, étant toujours plus anxieux face au dérèglement de mon environnement, je consomme toujours plus pour me rassurer, et me donner l'impression d'exister.

Partant de ce constat, et de mon expérience personnelle en matière de consommation, il semble qu'à la fois l'homme et le système aient besoin de consumérisme. Nous ne pouvons vivre sans, et notre société, notre système économique, ne semble pouvoir s'en passer.

La question qui se pose donc, si l'on part de ce constat de la nécessaire existence du consumérisme, est de savoir comment rendre ce dernier viable et limiter ses effets pervers?

Le combattre a déjà été tenté à de nombreuses reprises au cours des siècles, et n'a jamais mené nulle part. Car ceux qui l'ont combattu n'ont pas pris conscience de cette évidence. Le consumérisme est partie intégrante de notre monde, et une nécessité à notre existence. Qu'on le veuille ou non, un système fondé sur l'argent et les échanges commerciaux ne peut exister sans lui. Et jamais, nous ne pourrons abolir et supprimer les échanges et l'argent!

Dès lors, je ne vois qu'une seule solution à ce problème. Sortir les biens de consommation matériels du système consumériste. Et permettre aux hommes de consommer de manière consumériste des services, et non plus ces biens. Créer une double monnaie d'échange. La première, permettant l'achat de biens matériels, serait contrôlée par les autorités publiques. Chacun aurait droit à sa part de biens matériels, nécessaires à sa subsistance, avec une variabilité limitée, et un contrôle permettant la pérennité du système, ainsi qu'une gestion plus rationnelle de notre environnement. Une première approche qui devrait diminuer nos angoisses face aux dérèglements majeurs qui bouleversent notre planète.

Une deuxième monnaie devrait permettre de consommer de manière plus irréfléchie, et plus irrationnelle, des services divers et variés. Consommer de la culture, du bien-être, et faire croître le système économique appelé actuellement non marchand. Inverser le paradigme qui nous fait croire que seule l'économie de biens matériels aurait un intérêt économique, et que seule la consommation de ces biens serait à même de faire vivre notre société, et notre économie. Et que les services ne seraient eux qu'une charge et un coût. Raisonnement qui d'ailleurs semble assez étrange au vu de l'évolution de nos sociétés, où une majorité d'entre nous travaille dans le secteur des services!

C'est la créativité qui a mené l'homme au 21ème siècle. S'accrocher au système actuel, tel qu'il est, et continuer dans cette voie de dépendance, et de relation perverse à la consommation ne constitue plus un progrès aujourd'hui. Nous avons déjà ouvert cette nouvelle voie, sans même en avoir pris conscience. Nous sommes passé dans une société tertiaire, une véritable révolution. Il ne nous reste en somme plus qu'à prendre conscience de cette évolution, et mettre en place le monde de demain.

Je reprendrai Malraux en disant, le 21ème siècle sera culturel, ou ne sera pas.
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Re: Nouvel avatar du totalitarisme

Messagepar pierre » Mer 18 Nov 2015 12:57

A Demos,
D'accord sur le fond, ouvrir les yeux sur les effets pervers du consumérisme est un vrai travail.

Dans les différentes approches de la définition du consumérisme, je retiendrai comme acception actuelle du mot : ''mode de consommation individualiste, dépendant du marché, quantitativement insatiable, envahissant, hédoniste, axé sur la nouveauté, faisant usage des signes autant que des choses'' ( Isabelle Cassiers et al., "Redéfinir la prospérité" ).

La formule romaine célèbre ''du pain et des jeux'' manifestait des mécanismes qui dureront aussi longtemps que l'humanité, exprimés par Marx sous une autre forme, "opium du peuple". Il s'agit de canaliser des mouvements collectifs imprévisibles qui pourraient bouleverser la société, de faire baisser la pression.

Une remarque  sur « Inverser le paradigme qui nous fait croire que seule l'économie de biens matériels aurait un intérêt économique, et que seule la consommation de ces biens serait à même de faire vivre notre société, et notre économie. Et que les services ne seraient eux qu'une charge et un coût».
Notre société de consommation n'a-t-elle pas déjà opéré cette conversion ? Conversion qui a consisté notamment à faire entrer dans la sphère marchande des services auparavant rendus à titre gratuit, et cela n'est pas terminé.

Quant à instituer 2 monnaies pour distinguer 2 sortes de biens, pourquoi pas, et cela existe depuis longtemps : ce qui est relativement récent c'est de n'employer qu'une monnaie d'échange.
Est-il vraiment nécessaire de créer des monnaies distinctes pour préserver l'intérêt général ( le contrôle public évoqué ) ? Il faudrait creuser la question.
Des expériences sont en cours ( ex. marché du carbone ) et des débats sur la qualité de bien de nature publique ( l'eau, bientôt l'air ) et la nécessité d'appliquer à ces biens des règles différentes.

Sur le rôle d'une monnaie, voir l'article de Michel Aglietta mentionné sur ce forum dans
"Monnaie et souveraineté : comment compléter l'euro ?"
pierre
 
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Re: Nouvel avatar du totalitarisme

Messagepar Demos » Mer 18 Nov 2015 18:57

Notre société de consommation n'a-t-elle pas déjà opéré cette conversion ? Conversion qui a consisté notamment à faire entrer dans la sphère marchande des services auparavant rendus à titre gratuit, et cela n'est pas terminé.


C'est tout le problème, c'est qu'au lieu de permettre la diversification des services, notre système monétaire unique rend ces services gratuits, payants, et les mets en concurrence avec les échanges de biens matériels. Alors que les biens matériels sont fabriqués dans une chaîne d'exploitation, qui permet leur élaboration à des coûts très faibles. Les services, eux, impliquent des coûts bien supérieur, car "produit" dans nos sociétés. En clair, acheter un smartphone coûte le même prix que de regarder une pièce de théâtre. Un non sens total en soi...

Est-il vraiment nécessaire de créer des monnaies distinctes pour préserver l'intérêt général ( le contrôle public évoqué ) ? Il faudrait creuser la question.


Je le pense pour plusieurs raisons. C'est le principe de la diversification des pouvoirs. Si l'on peut admettre que l'Etat gère une partie de notre vie, nous aspirons aussi à un système plus libéral. Créer une double monnaie pourrait permettre de combiner les deux. Une monnaie étatique, et une monnaie libérale, en quelque sorte. Reprendre dans le capitalisme, et dans le communisme, les aspects les plus positifs. La gestion et la mise en commun au niveau étatique, quoi de plus logique, si on y réfléchit bien, et une économie libérale et consumériste, pour tout ce qui concerne les services, la culture, l'immatériel, qui ont besoin de croître, de s'épanouir plus librement. Philosophiquement, il s'agit de gérer ce qui a des limites, le monde matériel, et de laisser l'immatériel, par définition sans limite, dans un système de croissance perpétuelle.

Tout cela est bien sûr très théorique, mais ce qui manque le plus dans notre monde moderne, n'est-il pas justement de lui donner du sens? Et le sens, ne naît-il pas des objectifs que nous nous fixons? Quels sont donc les objectifs de notre société?
Demos
 
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