L’affaire du glyphosate (herbicide qui entre dans la composition du produit Roundup de Monsanto) se poursuit au niveau des institutions européennes, avec comme enjeu de savoir si l’autorisation temporaire actuelle pour son utilisation se transformera en autorisation à plus long terme. Comme suite à un avis rendu par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (European Food Security Authority - EFSA) en mars 2017, qui conclut que le glyphosate n’est pas cancérigène, la Commission européenne a relancé le 16 mai une procédure en vue d’autoriser son utilisation pour 10 ans.
Précédemment, l’OMS par le truchement du CIRC (Centre international de Recherche contre le Cancer) avait conclu lors d’une étude de 2015 que le glyphosate était « probablement cancérigène », puis dans une étude ultérieure (OMS-FAO de mai 2016), qu’il était « peu probable que le glyphosate provoque un risque cancérigène chez les humains qui y seraient exposés par l’alimentation». Dans ce domaine où les intérêts financiers sont colossaux, il n’est pas facile de démêler les opinions scientifiques indépendantes et l’influence des lobbies des industries agro-alimentaires.
Le 1er juin 2017, quatre eurodéputés du groupe écologiste, Heidi Hautala (Finlande), Benedek Javor (Hongrie), Michèle Rivasi (France) et Bart Staes (Belgique) ont annoncé qu’ils venaient de lancer le 24 mai une action en justice auprès de la Cour européenne contre l’EFSA, pour l’obliger à rendre publiques les sources scientifiques de ses conclusions.
Un article d’EuroActiv du 2 juin 2017, signé Manon Flausch rend compte du point de vue du groupe écologiste. En voici quelques extraits :
L’EFSA a toujours refusé de donner accès à la plupart de ses données considérées comme confidentielles, car fournies par les industriels intéressés et soumises à la protection du secret commercial. Le groupe écologiste considère « qu’il faut impérativement modifier le régime des agences européennes pour que celles-ci n’utilisent plus que des études appartenant au domaine public », ce qui aurait l’avantage de court-circuiter, selon Michèle Rivasi, « les multinationales qui se cachent derrière le secret commercial ».
Les eurodéputés indiquent qu’ils ont eu de multiples échanges avec des représentants de l’EFSA. Selon eux, l’agence est plutôt favorable à davantage de transparence. Mais sa marge de manœuvre est limitée par le secret commercial. Elle refuse donc de prendre le risque de s’exposer à des poursuites de la part des membres du groupe de travail sur le glyphosate qui regroupe les représentants de 23 fabricants.
Reste la question du remplacement du glyphosate, alors que l’industrie agrochimique et les agriculteurs clament qu’il est impossible de faire sans, une position pourtant contredite par de nombreuses études. Selon Benedek Javor : « Ce qu’il faut, ce n’est pas trouver de nouvelles solutions chimiques, mais changer la manière dont l’agriculture est pratiquée. »
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