» Pour vous inscrire : Inscription           » Si vous êtes déjà inscrit : Connexion           » Pour nous contacter : Contact

Enfin le sursaut attendu de l'U.E.?

Quel projet ? Quel modèle de société pour l'Europe ?

Enfin le sursaut attendu de l'U.E.?

Messagepar pierre » Ven 24 Juin 2016 16:03

Après avoir rongé son frein pendant 43 ans ( le R.U. étant entré dans l'U.E. en 1973 ), la dynamique des pays fondateurs est-elle repartie ?

Vu sur le site Mediapart le 24.06.16 à 15:24 :

''Les ministres allemand et français des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier et Jean-Marc Ayrault, proposeront samedi à leurs homologues des quatre autres pays fondateurs une union plus flexible, a appris l'agence de presse Reuters de source diplomatique. Le projet préparé par le couple franco-allemand envisage notamment « d'offrir un espace » aux pays qui ne sont pas prêts à approfondir l'intégration, ajoute-t-on de même source. Cette réunion des chefs de la diplomatie de l'Allemagne, de la France, de l'Italie, des Pays-Bas, de la Belgique et du Luxembourg – les six membres fondateurs de la construction européenne – a été proposée par Berlin quelques heures après l'annonce de la victoire du camp du "Out" au Royaume-Uni.''
pierre
 
Messages: 161
Enregistré le: Dim 18 Sep 2011 15:58

Re: Enfin le sursaut attendu de l'U.E.?

Messagepar KERHUNE » Mer 29 Juin 2016 18:54

Les médias s'intéressent beaucoup aujourd'hui au combat qui se profile entre l'Union Européenne et la Grande Bretagne.

Je fais partie de ceux qui souhaitaient le départ de la Grande Bretagne pour pouvoir aller vers plus d'intégration mais je suis également de ceux qui souhaitent que les causes de ce départ, que les bonnes ou mauvaises raisons, soient analysées avec minutie et que ne s'ouvre pas une chasse aux sorcières.

Sur le premier point, il est intéressant que ce soit l'un des pays les plus libéraux qui désire quitter cette UE que nombre d'entre nous trouvent trop libérale. Plusieurs explications relativement contradictoires peuvent être avancées.

La volonté d'établir des normes européennes en UE dérange les milieux britanniques les plus libéraux qui souhaitent comme les États-Unis s'en exonérer. D'une certaine manière, ce rejet est partagé avec d'autres milieux nationalistes.

Dans beaucoup d'esprits, l'UE est responsable du marasme économique actuel. Beaucoup avaient accepté de perdre une partie de la souveraineté de leur nation au profit d'une meilleure situation économique. Or, nombreux sont ceux qui n'y trouvent pas leur compte. Mais est-ce la politique de l'UE ou sa volonté de ne pas en avoir et de privilégier le rôle des marchés ? En d'autres termes que reproche-t-on à l'Union: d'en faire trop ou pas assez ?

Les relents xénophobes ont émaillé la campagne. Les populistes en ont fait leur fonds de commerce ! Forcer les réticences des populations ne servirait à rien si on ignore la peur que suscitent ces mouvements migratoires et si l'ambivalence des intérêts continue à être dissimulée.
La libre circulation au sein de l'Europe est apparue naturelle chez les membres fondateurs, populations comprises, du fait d'une proximité culturelle de ces six pays et à une époque de plein emploi et de forte croissance.
Le premier élargissement d'avant les années 2000 s'est fait progressivement alors que l'intégration des anciens pays du bloc de l'Est après 2000 s'est effectuée à marche forcée rendant la conduite du navire Europe bien préoccupante.
Les raisons géopolitiques et le désir de faire baisser les salaires jugés trop élevés dans les vieilles démocraties au regard de la mondialisation ont créé des tensions, des incompréhensions et des peurs dans les milieux les plus exposés. (Salariés peu formés ou jeunes sans expérience).
La directive sur les travailleurs détachés était manifestement destinée à peser sur les charges sociales des pays les plus protecteurs.
Enfin la cacophonie sur les migrants en provenance du moyen orient a achevé le tableau. Engluée dans son incapacité à avoir une politique extérieure, l'UE a envisagé la possibilité d’accueillir un flux d'un nombre indéfini de populations en réel désarroi sans véritable plan sinon de peser encore sur le niveau des salaires et de régler les problèmes de natalité d'un certain nombre de pays. Pourquoi la Syrie alors que la guerre en Irak ou en Afghanistan n'avait rien amené de semblable quelques années auparavant si ce n'est parce que les Syriens, à la différence de leurs voisins, ont un haut niveau de formation.

Le débat sur le BREXIT a une fois de plus eu lieu entre les leaders de l’establishment opposant, d'une part pour le "in", le Premier Ministre David CAMERON à l'origine du référendum qu'il s'est fait imposer par les eurosceptiques de son parti comme condition de son accession au pouvoir et alors qu'il n'a jamais montré un enthousiasme particulier pour la construction européenne et d'autre part Boris JOHNSON pour le "leave" qui avait toujours exprimé des opinions pro-européennes. Tout cela, de plus, sur fond d’une vieille querelle de potaches qui remonterait presque à la maternelle !

Il faut aussi compter sur la montée inexorable de la troisième force en Europe, celle de l’extrême droite incarnée ici par Nigel FARAGE. Les populations les moins formées et les moins éduquées des pays européens sont en concurrence directe avec leurs homologues des pays émergents, ils souffrent et n'ont sans doute pas encore vu le fond du puits. Isolés, incompris, délaissés, ils pensent retrouver leur dignité au travers de l'adhésion aux programmes populistes voire mensongers de ces partis...... indignes. Le désespoir peut conduire au pire...... De plus, combien de centres d'hébergement avaient été prévus à Neuilly ?

Les journaux britanniques ont par ailleurs joué un rôle non négligeable, étant en grand majorité pour la sortie de l'Union bien au delà du score obtenu. Ce qui montre que le quatrième pouvoir est loin d'être neutre mais que le besoin de vendre de l'espace publicitaire pousse au populisme !

Il ne faut pas non plus oublier la morgue des autorités européennes qui s'est clairement exprimée dans les décisions prises à l'occasion de la crise grecque et que l'on retrouve dans les premières réactions, limite haineuses, du Président JUNCKER à propos du choix de la Grande Bretagne. Une telle attitude ne semble pas à la hauteur des fonctions exercées.

A ce jour, on voit se dessiner plusieurs options:

Soit punir la Grande Bretagne (c'était, en termes diplomatiques, la menace du Président de la Commission).

Soit éviter de tenir compte du référendum. Cela ayant marché avec la Grèce ou d'autres pays, pourquoi ne pas recommencer ?

Soir enfin essayer rapidement de trouver avec la Grande Bretagne un accord qui sauvegarde les intérêts des deux parties et permette de limiter les effets négatifs pour le pays tout en l'empêchant désormais de pouvoir peser sur les décisions de l'Union.

http://www.lejdd.fr/International/Europe/Les-trois-scenarios-credibles-qui-annuleraient-le-Brexit-793155/

Nul ne sait aujourd'hui la solution qui l'emportera.

Tout cela montre une fois de plus le désordre qui règne dans nos démocraties.

L'union européenne reste très divisée sur l'application de cette même démocratie. Faire revoter les Irlandais, demander au parlement français d'invalider un référendum ou imposer au gouvernement grec ne ne pas suivre les résultats d'une toute récente consultation populaire ne semble pas beaucoup l’incommoder.
Alors qu'un vote des britanniques, mal préparé et sans doute sans débat sérieux, aille à l'encontre de ses souhaits lui déplaît profondément.

Il serait temps que change au moins l'esprit des institutions européennes et que la transparence et la démocratie retrouvent leur place. Que nos dirigeants, les français en tête ne se méprennent pas: ils peuvent relancer le couple franco-allemand, faire une Europe à géométrie variable, reconstruire Schengen ou renforcer les politiques sécuritaires européennes, ils échoueront s'ils ne définissent pas des projets communs ambitieux sur le modèle des coopérations renforcées, projets qui prendront en compte les intérêts du plus grand nombre. Il faudra prendre le temps d'expliquer et de décider et éventuellement faire voter les pays dans certains cas. Cela prendra du temps et demandera beaucoup de pédagogie.
Ensuite, il faut transformer les institutions pour que les peuples comprennent pourquoi l'Europe continue à autoriser les perturbateurs endocriniens, pourquoi elle tergiverse sur certains pesticides, pourquoi, alors que les lanceurs d'alerte se voient exilés ou condamnés elle renforce dans le même temps l'opacité qui règne au niveau des entreprises en matière d'information sur la fiscalité, l'environnement ou la santé publique (modèle Luxembourgeois) et pourquoi la fraude fiscale semble mieux combattue par ces mêmes lanceurs d'alerte que par les institutions.

Il faudrait enfin plus de transparence au niveau de la désignation des commissaires ou du fonctionnement du conseil des ministres. L'opacité est savamment entretenue et faute de lisibilité dans les choix des responsables et des politiques, c'est la défiance qui l'emporte chez les citoyens.

Tous ces éléments et bien d'autres sont de nature, comme en Grande Bretagne, à polluer le débat sur l'Europe et à faire en sorte que le non l'emporte dans une consultation populaire sans réellement répondre à la question posée !
KERHUNE
 
Messages: 56
Enregistré le: Mer 26 Oct 2011 19:59

Re: Enfin le sursaut attendu de l'U.E.?

Messagepar Okine » Jeu 30 Juin 2016 18:58

Kerhune, j'apprécie cette analyse nuancée mais j'aurais besoin de précisions sur un point :
'' ... les premières réactions, limite haineuses, du président JUNCKER ... '' .
De quoi s'agit-il exactement ?

Le ''Brexit'' est un vrai psychodrame, mais au regard de la liste des exemptions au règles de l'UE obtenues par le Royaume-Uni depuis 43 ans, sans compter celles qui étaient en attente, on peut considérer sa sortie de l'UE comme une simple clarification.

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/05/06/trente-ans-de-ruades-britanniques-contre-l-union-europeenne_4628924_4355770.html

http://www.huffingtonpost.fr/2016/02/20/acccord-ue-grande-bretagne-david-cameron_n_9280224.html

Si l'on peut craindre la contagion de ce referendum à d'autres pays, reconnaissons que la sortie du R.U., avec certes des turbulences, peut donner un coup d'arrêt au délitement progressif de l'UE en simple zone de libre-échange qu'a toujours recherchée le R.U. ...
Bref, une coquille vide faisant bien son travail de rouage, de partenaire du rouleau compresseur de la mondialisation.

Pour sortir l'UE de l'ornière, ce ne sont pas les idées qui ont manqué : elles se sont accumulées dans les cartons.
La volonté politique n'a pas disparu : elle était jusqu'à présent entravée.

Des jeunes rêvent d'Europe : il suffit de voir la déception de jeunes britanniques à la perspective d'être privés d'Erasmus!
Okine
 
Messages: 18
Enregistré le: Ven 16 Oct 2015 14:28

Re: Enfin le sursaut attendu de l'U.E.?

Messagepar KERHUNE » Ven 01 Juil 2016 09:37

Bonjour Okine,

Je n'ai malheureusement pas retrouvé l'intégralité le contenu du discours dont je n'ai entendu qu'une partie mais j'ai été choqué par le ton (pan sur le bec comme dirait un célèbre volatile.....!). Le texte ci-dessous en reprend une partie (c'est nous qui décidons). Le ton n'était pas celui de l'amoureux déçu mais bien du chef de guerre qui entendait faire payer aux Britanniques leur décision.

«C'est nous qui décidons»
«Pas de notification, pas de négociation», a martelé le président de la Commission, prononçant ces derniers mots en anglais. Il a exclu que les conditions du divorce entre Londres et l’Union européenne puissent faire l’objet de «la moindre négociation secrète», ni que Londres en fixe le calendrier. «C’est nous qui décidons de l’ordre du jour, pas ceux qui veulent quitter l’UE», a-t-il prévenu. (Le Temps du 28/06/206).

Or je pense que le rôle d'un Président de la Commission n'était pas de se montrer agressif, tant à l'égard d'un pays que de l'expression de ses citoyens, mais au contraire de faire en sorte que tout se passe pour le mieux dans l'UE et en Grande Bretagne, suite à cette décision. Et en plus, il va y avoir des négociations, c'est bien évident et c'est même peut être souhaitable, pour définir un statut commun à d'autre pays (Norvège, Suisse, Grand Bretagne) et pourquoi pas d'autres afin de mettre un terme à cette boulimie d'adhésion qui freine l'intégration.

S'en est suivi le discours au parlement européen avec cette invective envers Nigel Farage qui reste un élu Britannique.

http://www.lemonde.fr/referendum-sur-le-brexit/article/2016/06/28/farage-se-vante-au-parlement-europeen-et-s-attire-les-foudres-de-juncker_4959773_4872498.html

Il ne sert à rien de diaboliser les représentants de l’extrême droite, quelles que soient leurs provocations, il faut se battre contre leurs idées.

Pour conclure quand je dis "limite haineux" je parle de ce que j'ai ressenti comme une grande agressivité qu'il faut apprécier, de plus, au niveau du discours politique, toujours atténué.
KERHUNE
 
Messages: 56
Enregistré le: Mer 26 Oct 2011 19:59


Retourner vers Quelle Europe ?

 


  • { RELATED_TOPICS }
    Réponses
    Vus
    Dernier message

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 1 invité

cron