Invité par « Libération » à chroniquer la présidentielle, le Président de la « Fondation pour la nature et l’homme » a orienté son texte, paru dans l’édition du 18 & 19 mars 2017, autour de la question européenne.
« …L’élection de Donald Trump comme le Brexit ont déstabilisé la scène internationale et braqué les projecteurs sur une montée des populismes et du repli sur soi qui n’est que la conséquence logique de notre incapacité à appréhender les crises…Oui, il y a probablement une gouvernance européenne à repenser.…avec au cœur la transition écologique et énergétique, pour une Europe forte, indépendante, accueillante, fière d’elle-même et de son cadre de vie ».
« Mais il y a surtout un certain nombre de préalables dont nous ne pouvons plus nous affranchir…Comment pouvons-nous encore nous accommoder de la fraude et de l’évasion fiscale ? Elles représentent un volume deux fois supérieur à la dette de tous les pays de la zone euro. Comment pouvons-nous tant tarder à mettre en place une taxe sur les transactions financières européennes et mettre un terme aux spéculations les plus outrancières ? Comment pouvons-nous poursuivre dans la voie d’un libre-échange sauvage sans tenir compte des millions de personnes qui s’élèvent contre ces accords commerciaux ? Le traité de libre-échange CETA entre l’UE et le Canada est le parfait exemple de l’obstination avec laquelle les chefs d’Etats européens et la Commission continuent de creuser le fossé qui sépare les gagnants de la mondialisation et les laissés pour compte, et qui sert de tremplin aux populismes. Destructeur d’emplois, notamment dans la filière agricole déjà en crise, renforçant le pouvoir des lobbys, le CETA est clairement incompatible avec les grands enjeux sociaux et écologiques du XXIe siècle, l’accord de Paris sur le climat ou le principe de précaution. Pourtant, ratifié par le Conseil et le Parlement européens, il entrera en vigueur de façon provisoire début avril sans plus de débats. En dernier recours, 107 députés français, appuyés par une cinquantaine de sénateurs, ont saisi le Conseil constitutionnel pour dénoncer l’incompatibilité de ce traité avec notre Constitution et exiger du gouvernement sa renégociation. Car une autre voie est possible…Au libre-échange, préférons définitivement le juste échange ».
On ne peut qu’être d’accord avec les aspects politiques de cette analyse. Rajoutons cependant que si le CETA est sur le point d’entrer provisoirement en vigueur, et même en supposant que le recours au Conseil constitutionnel en France échoue, le traité doit néanmoins être approuvé par tous les Parlements nationaux des pays membres pour devenir définitif.
----