Plusieurs articles sont parus à l’occasion du vote par le Parlement européen le 13 avril 2016 d’une résolution qui demande à la Commission européenne de renouveler la licence permettant l’utilisation en Europe de l’herbicide glyphosate, présent notamment dans le produit « Roundup » de Monsanto, pendant sept ans seulement, et non pas quinze ans comme la Commission avait l’intention de le faire. Cette résolution n’est pas contraignante pour la Commission et le Conseil, la décision finale de ce dernier devant intervenir en mai 2016. Nous résumons ci-après l’article paru à la fois dans le webzine anglais «The Ecologist » et sur le site américain « Counterpunch », ainsi qu’un article paru sur le site « EurActiv Allemagne ».
Le glyphosate a été classé par l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) comme n’étant pas dangereux pour la santé de l’homme, alors que l’Organisation mondiale de la Santé la considère comme « probablement cancérigène ». Des liens entre le glyphosate et des maladies de plus en plus associées avec un régime alimentaire occidental (problèmes gastro-intestinaux, obésité, autisme, infertilité, cancer, maladie d’Alzheimer, intolérance au gluten) paraissent plus que vraisemblables. En absorbant des résidus de glyphosate contenus notamment dans le pain fabriqué à partir de céréales traités avec cet herbicide ou la viande en provenance d’animaux qui en sont nourris, le consommateur s’expose à des effets cancérigènes et des dérèglements endocriniens. Ces effets sont niés par Monsanto. Pourtant un scientifique américain indépendant Anthony Samsel, qui a obtenu accès aux études toxicologiques de Monsanto sur le glyphosate, confirme que celles-ci montraient des effets cancérigènes sur les animaux, cachés par la société.
Une étude publiée en mars 2016, menée par la Fondation Heinrich Böll révèle que 99.6% des Allemands sont contaminés au glyphosate. Il est présent en doses beaucoup trop élevées chez 75% des 2009 personnes étudiées. En effet, dans 75% des cas, les résidus de glyphosate dans l’urine étaient cinq fois plus élevés que le maximum autorisé dans l’eau. C’est chez les enfants et les adolescents que les taux les plus inquiétants ont été relevés en particulier chez les enfants d’agriculteur. Les végétariens et les végétaliens présentent un niveau moins élevé que ceux des Allemands qui mangent de la viande.
La Commission « Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire » du Parlement européen a voté à la mi-mars en faveur de l’interdiction du glyphosate en Europe. Cependant, au moment du vote au Parlement le 13 mars, le projet de résolution a fait l’objet d’amendements des parlementaires de droite (PPE) pour approuver une licence de sept ans. La résolution a été votée par 374 voix contre 225. Des restrictions, qui n’existaient pas auparavant, interdisant l’utilisation du glyphosate dans les parcs publics, les aires de jeux et les jardins ont été introduites, ainsi qu’une limitation à la pratique consistant à répandre le glyphosate sur les céréales deux semaines avant la moisson pour la rendre plus facile, ce qui a pour effet d’augmenter les résidus dans le pain.
La résolution demande à l’EFSA de rendre public immédiatement les études qui l’ont amené à classer le glyphosate comme non dangereux, et à la Commission de tester et de contrôler les résidus de glyphosate dans les boissons et les aliments produits en Europe, ainsi que dans les produits importés. Elle critique la Commission pour avoir accepté un dossier incomplet concernant les effets endocriniens et les manipulations des sociétés agro-biotech qui ont augmenté la résistance des plantes.