Avez-vous entendu parler des "chartes d'engagements volontaires de progrès nutritionnels" ?
Inventées au cours de la présidence de Nicolas Sarkozy, elles ont été caractérisées comme suit par Le Canard enchaîné (30 janvier 2013) : " Pourquoi embêter l'agroalimentaire à coups de règlements pour qu'elle mette moins de gras, de sucre et de sel dans notre assiette, alors qu'on peut le lui demander gentiment en pariant sur son sens de l'intérêt public ? ".
C'est vrai ça, pourquoi voir toujours le mal partout ?
Ces chartes, signées avec le Ministère de la Santé, ont été adoptées à ce jour par 30 grandes marques : Unilever, Findus, Maggi, Orangina-Schweppes, Mars ...
Gageons que les signatures auront été dignement célébrées, autour de bonnes tables parisiennes, par les négociateurs, publics et privés, et que l'on ne s'y sera pas satisfait des produits de base de l'agroalimentaire. Deviser sur l'éthique et les entreprises " socialement responsables " nécessite une ambiance un peu raffinée ...
Le bilan de cette opération (les entreprises signataires peuvent mettre sur l'emballage de leurs produits : " entreprise engagée dans une démarche nutritionnelle encouragée par l'Etat ") est le suivant :
- la réduction moyenne du mauvais gras, qui devait être de 15 %, n'a été que de 2 % ;
- pour le sucre, c'est respectivement 25 % (objectif) et ... 0,4 % (réalité) ;
- pour le sel, l'objectif a été atteint à hauteur de 9 % en moyenne.
Pendant ce temps, le diabète (de type 2, lié à la surconsommation de sucre), l'hypertension et l'obésité affectent une proportion toujours croissante de la population. Nous en sommes à 30 % pour l'hypertension et 15 % pour l'obésité (chiffres 2012).
Findus, l'une des entreprises citées cette semaine dans le cadre de l'affaire de la "viande de cheval" fait partie de ces " engagés volontaires du progrès nutritionnel ". Elle se dit victime de ses fournisseurs. Peut-être, mais tout ceci s'inscrit dans un système qui privilégie la croissance et la marge financière sur la simple qualité du produit. Quant à " l'intérêt public ", n'en parlons pas ...
La démonstration vient d'être faite que, de sous-traitance en sous-traitance, de courtier en courtier, ...une grande marque peut ne plus savoir ce qu'elle vend à ses clients.