Dans leur dernier ouvrage commun (" La gauche n'a plus droit à l'erreur. Chômage, précarité, crise financière, arrêtez les rustines ! " Editions J'ai lu. Octobre 2013), Michel Rocard et Pierre Larrouturou usent d'une métaphore assez bien vue pour caractériser l'attitude de nos dirigeants, confrontés à la crise majeure actuelle.
Je cite (pages 33 et 34) :
" Comment faire cuire une grenouille ?
Quand on veut faire cuire une grenouille, la méthode intuitive consiste à faire bouillir de l'eau et à plonger l'animal dans l'eau bouillante. Mais, avec sa détente caractéristique, la grenouille a un sursaut et sort de l'eau instantanément.
La grenouille réagit bien au signaux forts.
Si vous voulez ébouillanter une grenouille, il faut la plonger dans l'eau froide et la mettre sur le feu. Elle nagera, sentira la température monter doucement, mais n'éprouvera pas le besoin de réagir tout de suite. Quand elle le voudra, les muscles ramollis par la chaleur, elle n'en aura plus la force.
Si, tout d'un coup, il y avait eu 5 millions de chômeurs et des millions de précaires ; si, tout d'un coup, nous nous étions retrouvés avec une dette publique de 1.800 milliards d'euros et une croissance à zéro ; si nous nous étions retrouvés avec le Front national à 20 % et l'Europe en panne ... Si tout cela était arrivé soudainement, sans doute aurions-nous interrompu les émissions de divertissement. Les politiques auraient arrêté leurs petites phrases et nous aurions vraiment réfléchi aux solutions pour sortir du drame. Mais c'est lentement, subrepticement, que la crise s'est installée. "
Je ne garantis pas l'exactitude du processus réactif de la grenouille tel qu'il est ici mis à contribution, mais qu'importe, l'image est assez frappante.
La question suivante est : comment ranimer la grenouille ?
Michel Rocard et Pierre Larrouturou s'y emploient dans leur ouvrage, avec un fort accent sur un thème cher à PL : la réduction du temps de travail individuel, pour une meilleure répartition collective.