Et si l'on supprimait l'impôt?
Voilà une idée qui peut sembler totalement farfelue, ce dernier s'imposant à tous comme une évidence! Et pourtant, l'idée d'un revenu universel fait aujourd'hui son chemin. On est dès lors en droit de se demander si cette notion de revenu universel peut s'appliquer à chaque citoyen, pourquoi ne pourrait-on l'étendre à notre gestion publique et commune?
Un petit rappel factuel :
Dans les années 70, l'inflation avoisinait en France et dans d'autres pays européens les 15%. La dette de la France en 1980 était de 20% du PIB. A partir de 1980, a été mis en place une politique stricte de non inflation. 35 ans plus tard, la dette de la France est de 97% du PIB. Peut-on décemment penser que nous pouvons continuer dans ce sens?
Aujourd'hui, les recettes de la France sont d'environ 400 Milliards d'Euros. 200 Milliards proviennent de la TVA. Environ 80 Milliards de l'impôt sur le revenu. 60 de l'impôt sur les sociétés.
Les intérêts de la dette représente plus 100 Milliards. Le solde du budget de l’État est de - 70 Milliards (un trou de 70 Milliards).
Les charges du budget représentent environ 320 Milliards (hors intérêt de la dette).
Première remarque, les revenus ne suffisent pas à combler les dépenses. L'État s'endette chaque année un peu plus pour rembourser les intérêts de ses emprunts précédents.
Deuxième remarque, les citoyens génèrent 280 Milliards d'euros du budget de l'État, au travers de la TVA et de l'impôt sur le revenu.
Le principe de base d'un impôt, c'est de créer un certain équilibre dans la société. Et pourtant, en voyant ce que les chiffres nous disent, il est difficile de comprendre l'équilibre que nous construisons aujourd'hui. En Belgique, Les multinationales sont en général taxées à 0%. Les PME (petites et moyennes entreprises) sont taxées à 33%. L'impôt crée donc un handicap concurrentiel pour les PME de 33%. Et pourquoi? Car les multinationales ont les moyens de contraindre les États à ne pas les taxer! Et rien n'y fait, ceci semble inéluctable dans le système actuel. L'impôt ne remplit jamais sa mission d'équilibrage. Les puissants auront toujours plus d'arguments que les faibles pour peser sur les choix d'imposition qui sont faits.
Voyons aussi que les citoyens sont les principaux contributeurs de l'impôt. Ils ont donc, à juste titre, l'impression qu'ils financent l'État, et que dès lors l'État se doit de le leur rendre. Et voilà que des groupes de pression, des lobbys vont donc se créer pour obtenir le maximum de rendement de leurs impôts. La logique qui sous-tend ce mécanisme : si je finance l'État au travers de mes impôts, j'ai le droit de décider comment mon argent sera dépensé, en fonction de ma participation.
Cela complique grandement les décisions politiques qui doivent être prises. Les gestionnaires, devant se faire élire, se voient obligés de tenir compte de ces différents groupes de pression. Et la règle qui l'emporte est souvent que celui qui fait le plus de bruit, qui pèse le plus, sera aussi celui qui pourra obtenir les meilleurs rendements de sa participation.
L'impôt crée donc beaucoup de frustration auprès des citoyens, qui toujours ont l'impression qu'ils financent un État, qui ne leur rend jamais assez. Naît donc une sorte de relation amour-haine entre le citoyen et son État. L'impôt est aussi générateur d'injustice, ou à tout le moins, ne sert strictement à rien pour rendre notre société plus juste.
L'État est donc perçu par beaucoup comme un frein à leur épanouissement, et à leur contribution à la société.
Et si nous supprimions l'impôt? Nous connaissons le budget de la France par exemple, environ 320 milliards d'euros. Pour un PIB de 2700 milliards. Fixons ce budget, garantissons le à l'État. Créons un compte bancaire étatique qui chaque année génère le budget. comme le font les banques. Plus besoin de fiscalité compliquée. Plus de frustration chez le citoyen. Un État indépendant dans l'obtention de ses ressources. Une société libérée de l'imposition, un État dont l'existence et l'indépendance sont garantis. Le rêve libéral, socialiste, communiste, nationaliste. Une idée que tous pourraient défendre, indépendamment de leurs orientations politiques!
Et que se passerait-il si un compte bancaire était créé chaque année avec 320 milliards d'euros? Si mes cours d'économie disaient juste, injecter 320 milliards dans un pays dont le PIB est de 2700 milliards créerait une inflation d'environ 12%. Une inflation régulière, prévisible, stable, dont le niveau serait totalement raisonnable.
Ensuite, l'État pourrait enfin se focaliser sur ses missions. ses choix politiques et stratégiques, sans devoir gaspiller son énergie à calculer la manière de générer son budget! Quelle folie quand on y pense que de passer son temps à rendre tout tellement plus compliqué, alors qu'il suffirait juste de décider de fixer le budget annuellement, et de le corriger en fonction des circonstances. Cela permettrait aussi de fixer des budgets étatiques décents pour l'ensemble des États du monde.
Cela permettrait ainsi de rendre chaque État totalement indépendant des autres États (les États les plus puissants prêtant aux plus pauvres).
L'impôt, quand on y réfléchit bien, n'est-il pas juste ce qui freine le développement de nos sociétés. Les économistes ne pourraient-ils pas trouver des solutions créatives à l'inflation raisonnable générée par ce système?
Et pourquoi pas? On nous parle de modernité, osons enfin la modernité alors! Nous savons ce dont l'État a besoin pour remplir ses missions. Fixer le budget sans passer par des calculs d'apothicaire pour lever l'impôt ne semble-t-il pas tellement plus réaliste?