Citoyens unis d'Europe - Solidarité et démocratie

Un peu d’espoir fait du bien. Là où l’Europe prise dans sa globalité donne l’impression de manquer complètement de vision depuis des années, il existe des petites pépites qui valent le coup qu’on s’y intéresse.

La Sarre, petit Land en situation transfrontalière en face de la Moselle fait preuve d’une vision que beaucoup de régions ou d’états européens devraient envier : devenir le creuset du bilinguisme et du biculturalisme franco-allemand.

La Sarre a certes une histoire mouvementée qui l’a conduite à plusieurs reprises à se retrouver sous la tutelle française. Mais justement, cela aurait pu créer des inimitiés durables, et ce n’est visiblement pas le cas.

La Sarre a en effet décidé de mettre en place uns stratégie globale visant à faire du Land un espace plurilingue performant, en l’espace d’une génération (30 ans). Ce projet implique non seulement les autorités publiques, mais la société civile dans son ensemble. Nos dirigeants, qui se gargarisent d’amitié franco-allemande, feraient bien d’en prendre de la graine.

Les principes de ce projet s’inspirent de l’observation d’une autre région intéressante de l’espace européen – tout du moins au plan du plurilinguisme et du multiculturalisme, le Luxembourg : « Apprendre du modèle luxembourgeois, c’est comprendre que la présence d’une langue dans l’espace public et ainsi un contact permanent du citoyen […] avec une langue qui n’est pas sa langue maternelle, joue un rôle majeur pour la réussite de l’apprentissage. »

La stratégie vise à s’appuyer sur les médias publics, qui proposeront des contenus francophones. On se prend à rêver que la télévision française se mette à diffuser les films étrangers avec des sous-titres plutôt que doublés.

Il est par ailleurs prévu (c’est le fer de lance de ce projet) que l’éducation plurilingue commence dès l’école maternelle, pour aboutir à un perfectionnement linguistique tout au long de la vie.

Toutes ces recommandations sont publiées dans un livre blanc dont voici le lien :

Version francophone : http://www.saarland.de/dokumente/ressor ... 210114.pdf

Deutsche Version: http://www.saarland.de/dokumente/ressor ... 210114.pdf

Cet article souligne à juste titre que les " histoires mouvementées " entre pays - y compris les histoires violentes (guerres, occupation, colonisation) - sont en tout cas des histoires communes, qui laissent des traces durables.
Et, curieusement, c'est généralement un courant relationnel positif qui s'établit sur le tissu des vieilles cicatrices.
Cela est vrai pour l'Afrique du Nord et pour l'Afrique noire, mais aussi pour le Vietnam, le Cambodge ...
Tout ceci constitue un précieux capital pour développer des relations profitables à tous, fondées cette fois-ci sur la coopération et le partage et non sur l'exploitation et l'affrontement.
Globalement, l'Europe aurait une magnifique carte à jouer sur ce terrain, qui pourrait avoir valeur d'exemple pour le reste du monde. Ce n'est guère le cas aujourd'hui et, en Afrique, on laisse la Chine œuvrer à notre place, mais pas vraiment sur le mode " coopération et partage " ...
Tout cela pour 25 milliards d'euros d'investissements annuels. De l'argent de poche au regard des enjeux.