Sous le titre " China's " Re-Education Through Labor " System: The View From Within ", le site de presse en ligne " The Atlantic " (USA) publie un article édifiant sur les camps de rééducation qui persistent en Chine, fondé sur le témoignage public d'un ancien détenu.
Harry Wu, 75 ans, a passé 22 ans de sa vie, de 1957 à 1979, dans un " laogai ". Arrivé aux USA en 1985, il a ensuite publié un livre relatant son expérience ainsi que le résultat de ses longues recherches sur le sujet.
On y apprend qu'il existe deux types de camps en Chine :
- les " laojiao ", dans lesquels on ne peut être détenu et soumis au travail forcé que pour une durée maximale de 3 ans, mais sans la moindre décision de justice, suite à des infractions mineures, commises par des individus considérés comme faciles à réformer ;
- les " laogai ", qui accueillent des personnes susceptibles d'y être enfermées à vie, suite à des délits relevant du code criminel chinois et jugés comme tels.
Dans les deux cas, il s'agit de ré-éduquer par le travail forcé.
En 1994, 45 ans après que le système ait été instauré, le gouvernement chinois décida de supprimer le terme " laogai ", mais d'en maintenir la réalité. Il y aurait aujourd'hui, selon les recherches menées par Haary Wu, 6 à 8 millions de chinois dans les laogai. Cela ferait de cette organisation le premier employeur au monde - et de très loin - puisque les palmarès des plus gros employeurs évoquent une dizaine d'entreprises (dont 5 chinoises) employant chacune entre 1 et 2 millions de personnes.
Les camps portent un nom administratif et un nom " commercial ". Exemple : " Yunnan Province Prison No. 1 " et " Yunnan Province Jinma Diesel Engine Plant ". Il est certain que, pour la glorieuse marche en avant de l'économie chinoise, la seconde dénomination passe mieux.
Formidable réserve de travail gratuit, les laogai génèrent un énorme business, recyclé dans le commerce local et international, grâce à une cascade d'intermédiaires : " According to the Laogai Research Foundation, a non-profit organization that Wu established in 1992 to research and promote public awareness about laogai, " The Chinese government profits handsomely from the labor camp system by allowing goods made with forced labor to enter both domestic and international markets...Due to intentional deception on the part of laogai enterprises, lax international labelling requirements for manufactured goods, and the fact that many laogai products are traded via middlemen, it is extremely difficult to trace the origins of laogai products once they have entered the market. " "
Voila qui fait diantrement penser aux procédures utilisées pour recycler l'argent du crime organisé, qui alimente aujourd'hui une large part des circuits spéculatifs.
Encore un des charmes de la dérégulation.
Harry Wu caractérise comme suit son expérience personnelle : " In total, I am sentenced to 34 years in prison. For what? I don't know. I didn't rob a bank, I didn't shoot anyone, I didn't rape anyone. Why the 34 years? No one knows."
Pour accéder à l'article complet :
http://www.theatlantic.com/international/archive/2013/02/chinas-re-education-through-labor-system-the-view-from-within/272913/