Nous avons laissé passer quelques jours avant d'évoquer la lettre de Christine Lagarde à Nicolas Sarkozy, non datée et manuscrite, révélée par Le Monde dans son édition du 18 juin 2013.
D'abord parce que l'on peut toujours craindre une manipulation mais, en l'absence de contre feu, tout en restant prudent, on peut considérer que la chose n'est pas loin d'être établie.
Ensuite parce que Citoyens unis d'Europe s'attache plus aux débats de fond qu'aux " news people " mais il se trouve que, dans le cas présent, il y a aussi de quoi alimenter un débat de fond.
Rappelons d'abord le texte de cette lettre, qui a été saisie le 20 mars 2013, lors d'une perquisition au domicile de Christine Lagarde à Paris et dont on ne sait d'ailleurs pas si elle a été expédiée à son destinataire :
" Cher Nicolas, très brièvement et respectueusement,
1) Je suis à tes côtés pour te servir et servir tes projets pour la France.
2) J'ai fait de mon mieux et j'ai pu échouer périodiquement. Je t'en demande pardon.
3) Je n'ai pas d'ambitions politiques personnelles et je n'ai pas le désir de devenir une ambitieuse servile comme nombre de ceux qui t'entourent dont la loyauté est parfois récente et parfois peu durable.
4) Utilise-moi pendant le temps qui te convient et convient à ton action et à ton casting.
5) Si tu m'utilises, j'ai besoin de toi comme guide et comme soutien : sans guide, je risque d'être inefficace, sans soutien je risque d'être peu crédible.
Avec mon immense admiration. Christine L. "
La première réaction est de ne pas y croire, tellement c'est gros et caricatural.
Ensuite, on hésite sur les commentaires et qualificatifs : rituel sado-maso ? cérémonial féodal ? version profane du " Notre Père qui êtes aux cieux " (" je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole ...") ? emprise mentale ? crise de pâmoison ?
Pour finir, on constate que les clés du FMI - que Dominique Strauss-Kahn, au plus fort de la crise, a été sur le point de transformer en " gouvernement économique du monde " - peuvent être confiées à une dame plus portée sur le " casting " que sur la politique et sur l'allégeance extatique que sur la vision critique, sauf à l'égard de ses petits camarades, ces " ambitieux serviles " ...