L'ODSEF (Observatoire démographique et statistique de l'espace francophone, organisme d'étude québecois, dépendant de l'université Laval) a plubié en mai 2012 un cahier intitulé " Et demain la francophonie. Essai de mesure démographique à l’horizon 2060. "
Extraits :
" Dans un contexte où mondialisation semble rimer avec anglicisation, il nous a paru intéressant de tenter un exercice prospectif pour cerner ce que sera la francophonie de demain en examinant ses tendances démographiques sur les différents continents à l’aide des plus récentes projections des Nations Unies, publiées en 2011. (...)
Quels pourraient être les effectifs de la francophonie et leur répartition sur la planète d’ici un demi-siècle? Y aura-t-il concentration dans quelques régions, et si oui lesquelles? Cet exercice prospectif est également l’occasion de relever certains enjeux politiques et sociaux liés à la francophonie. (...)
Le nombre de locuteurs francophones, estimé autour de 220 millions en 2020, pourrait dépasser les 750 millions si des mesures énergiques sont prises pour appuyer les programmes visant à assurer l’éducation à tous dans les pays du Sud où on enseigne déjà en français. Les francophones, qui représentaient en 2000 moins de 3 % de la population du monde, pourraient
voir leur poids démographique passer au milieu du XXIe siècle à 8 % de la population mondiale.
Les tendances démographiques que prévoient les Nations Unies et une large part de la communauté scientifique des démographes conduisent, dans l’ensemble, à une reconfiguration importante du poids des nations à l’échelle de la planète. Le monde francophone n’est nullement épargné par cette reconfiguration.
Quel que soit le scénario retenu, l’Afrique voit son poids démographique augmenter considérablement : alors que moins de la moitié des francophones du monde y vivaient en 2010, on peut s’attendre à y trouver près de 85 % des locuteurs du français en 2050, soit plus d’un demi-milliard des 715 millions de francophones de la planète.
L’avenir démographique de la francophonie reposera de plus en plus sur les pays du Sud, plus particulièrement sur l’Afrique, et sera donc lié à des contextes nationaux qui se caractérisent davantage par le multilinguisme. S’il semble destiné à passer par l’Afrique, l’avenir démographique de la francophonie est conditionné par au moins deux éléments majeurs :
• des mesures fortes et efficaces dans le domaine de l’enseignement devront permettre de relever substantiellement les niveaux d’éducation dans les pays de l’Afrique francophone ;
• les pays de l’Afrique francophone et leurs populations devront considérer que ce relèvement très sensible des niveaux d’éducation (nécessaire à leur développement social et économique) peut et doit se faire notamment dans le cadre de programmes d’enseignement et de formation où la langue française occupe une place importante.
Étant donné le multilinguisme pratiqué dans la plupart des pays d’Afrique, y compris ceux de la francophonie, il faudra nécessairement identifier la place et le rôle de la langue française par rapport aux autres langues en usage dans ces pays, mais également aux autres langues qui semblent s’imposer dans le monde, notamment l’anglais, l’arabe et l’espagnol. Compte tenu des écarts disproportionnés dans les moyens dont disposent les pays, il est évident que l’avenir
démographique de la francophonie dépendra grandement des gestes de solidarité et des efforts que seront prêts à consentir les pays du Nord de la francophonie à l’endroit des pays francophones d’Afrique. Les acteurs de la francophonie auront aussi un rôle majeur à jouer pour susciter ou maintenir un intérêt pour le développement du français dans de nombreux secteurs
en Afrique, notamment dans les médias (écrits, radiophoniques, audiovisuels et électroniques), dans les milieux des arts (cinéma, littérature, etc.) et dans le secteur de l’enseignement et de la recherche scientifique. "
Pour accéder au texte complet de l'étude :
http://www.odsef.fss.ulaval.ca/Upload/odsef_cahiers_marcoux_web.pdf
Cette étude s'inscrit dans une prévision d'évolution démographique générale considérée comme " moyenne ", qui aboutit à une population mondiale de 9,6 Milliards d'habitants en 2060.
Ce serait le dynamisme démographique de l'Afrique, actuellement largement francophone, qui profiterait à la pratique du français sur la planète. Encore faudrait-il que le français parvienne à défendre sa position dans les pays concernés, ce qui ne semble pas acquis.