J'ai reçu du Québec la note d'information et d'opinion ci-après, de Michel Virard, président de l'Association humaniste du Québec :
" Il est exact que la religion a été officiellement expulsée du gouvernement et surtout des écoles publiques mais seulement en 1997-2000. Or on a l'impression que la religion revient par la porte arrière, en particulier par le cours obligatoire de Éthique et Culture religieuse (ECR) et aussi par la main-mise des femmes musulmanes intégristes sur les garderies et, à un degré moindre, sur l'enseignement primaire. Un mécanisme social dont peu de gens ont conscience est qu'une conséquence dramatique de la présence de familles musulmanes intégristes au Québec est que les maris des femmes de ces foyers sont absolument convaincus que leur femme ne peut travailler que dans un milieu ou il n'y a strictement aucun homme. Ce qui, au Québec se limite pratiquement aux seules garderies pour les enfants de moins de 6 ans. Résultat: des garderies du réseau public avec des majorités de femmes emmaillotées des pieds à la tête hiver comme été et des comportements "discutables" avec les enfants de couples chrétiens ou non-croyants. Des menus halal imposés à tout les enfants ("c'est plus simple") et même parfois l'entrainement à la prière musulmane, les éducatrices musulmanes étant évidemment convaincues que c'est la "bonne" chose à faire. D'où des frictions avec les parents des enfants, etc..Et, naturellement, tout cela payé en grande partie avec les taxes de tout le monde.
Mais il y aussi d'autres problèmes.
La relation laicité-république est pour moi extrêmement claire: il suffit d'imaginer, ou d'observer, une république qui n'est pas laïque. Exemple: la République islamique d'Iran.
Pour que la république soit la république de tout le monde, elle ne peut absolument pas être autrement que laïque ou complètement neutre vis-à-vis de toutes les religions. Les deux ne sont pas équivalents: la neutralité signifie un traitement équitable des religions ce qui laisse la porte ouverte au financement pas l'état des groupes religieux (cas de l'Europe du Nord) avec toutes les difficultés que cela représente pour faire des distributions "justes". La laïcité est nettement plus simple à organiser puisque l'état se déclare "incompétent" en matière religieuse. Littéralement l'état annonce qu'il ne "sait pas" ce qu'est une religion et ne subventionne aucun culte. La préférence des humanistes du Québec est la laïcité et pas seulement la neutralité de traitement des citoyens. En Europe les deux approches ont été validées par les cours européennes. La difficulté majeure de la neutralité est la difficulté de déterminer ce qui est une religion et ce qui ne l'est pas puisque la "reconnaissance" par l'état a des conséquences concrètes très importantes. En Amérique comme en Europe il existe un tas d'organismes qui se prétendent religieux et qui ne sont guère plus que des sinécures pour leur pasteurs. Toutes augmentent le fardeau fiscal des non croyants en étant exemptés de beaucoup de taxes ou en recevant des subventions. La laïcité officielle permet de dénoncer ces pratiques ou au moins de les limiter.
Mais, comme toujours, attention: il y a des républiques qui se prétendent laïques mais qui le sont bien peu (ex: la Turquie avec son réseau d'école musulmanes publiques avec des imams payés par l'état...). Aussi, les religions n'abandonnent jamais l'espoir d'utiliser l'argent des contribuables pour aider leur prosélytisme. Ce qu'elles n'obtiennent pas par la porte d'en avant, elles vont aller le chercher par la porte en arrière. D'où la nécessité d'une vigilance sans faille même dans les pays avec une longue tradition laïque. La Libre-Pensée française attaque en cour, et avec succès, les projets de financement par les municipalités de bâtiment religieux ou la vente de terrains municipaux à des organismes religieux, désirant construire un lieu de culte, pour une somme symbolique sans rapport avec la valeur réelle des terrains. Dans tous les cas les municipalités fautives financent directement ou indirectement le prosélytisme religieux avec l'argent de tout les contribuables, ce qui est inacceptable.
La neutralité était gérable tant qu'il y avait un nombre restreint de religions (trois dans le cas du régime de l'Alsace-Lorraine, par exemple) mais devient un casse-tête ingérable dès que le nombre de religions augmente et que les demandes particulières explosent, cas des sociétés recevant beaucoup d'immigrants de tous les horizons. Je pense que la laïcité va tranquillement devenir la norme. Même l'Allemagne avec sa neutralité officielle a commencé à faire des déclarations et des actions qui sont de nature "laïque" et non pas "neutre".
La France n'est plus seule à exiger que ses enseignants du réseau public se présentent sans signes religieux, des länders allemands le font, la Belgique et la Hollande aussi. De plus d'autres pays ont en cours de préparation des projets de loi en ce sens. "