Ainsi donc, Bernard-Henri Lévy a encore sévi.
Pour un bon combat, mais d’une mauvaise manière : grandiloquente, racoleuse, outrancière. Se rend-il compte que, bien loin de servir la cause européenne, il l’a desservie avec son manifeste « l’Europe ou le chaos », concocté avec quelques autres « intellectuels » ?
http://www.arte.tv/fr/europe-ou-chaos-le-manifeste-de-bernard-henri-levy/7276108.html
Avec un titre aussi martial, on pouvait escompter un argumentaire. Surprise : on nous livre un exercice pyrotechnique, avec mise à feu d’un maximum de pétards dans un minimum de temps, l’objectif étant sans doute de faire … un maximum de bruit. Et tout cela sans se fatiguer beaucoup, en battant par exemple le rappel des sempiternels discours sur la Grèce, Rome et … l’esprit de Jérusalem ( ?), berceaux (mais aussi socles et - pour faire bonne mesure - matrices) de l’Europe, « de sa morale et de ses savoirs ». La civilisation celte et quelques autres grands moments de notre histoire disparaissent ainsi de la scène, de même que ce que nous devons aux échanges avec le monde arabe, la Chine ...
Au passage, les auteurs, aveuglés comme tant d’autres par les difficultés du moment, laissent entendre que rien de positif n’est sorti de l’Union européenne, ce qui est évidemment faux. Bien loin de projeter une lumière, ce manifeste jette une ombre sur l’Europe. De « loi d’airain » en « théorème implacable », de « repli » en « débâcle », de « désintégration » en « éclatement », de « régression » en « explosion », de « chaos » en « horizon fatal », nos intellectuels entonnent en chœur un hymne dramatique. Espèrent-ils que l’on va applaudir ?
Bref, un coup de pub, qui ne risque pas de contribuer au progrès des idées.