Citoyens unis d'Europe - Solidarité et démocratie

Sous le titre " « Brexit » : les lignes rouges des Européens ", Le Monde.fr du 30 mai 2015 rend compte du premier tour de piste de David Cameron, d'où il ressort que, selon une formule chère aux britanniques, " it will not be peace of cake " (en version française : " ça ne va pas être du gâteau " ou " ça ne va pas être de la tarte ").

Extraits:
" Après le triomphe des urnes, l’épreuve de l’Europe. David Cameron a eu un avant-goût, en cette fin de semaine, de la complexité de ce qui l’attend dans les mois qui viennent avec ses vingt-sept partenaires de l’Union européenne : la négociation d’un « meilleur deal » pour Londres, qui doit lui permettre de faire campagne pour le oui au référendum qu’il a promis à ses concitoyens sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE, va être longue et laborieuse.
(...)
la marge de manœuvre de M. Cameron et de ses interlocuteurs européens est étroite. Il aurait tort de voir trop de promesses dans le ton conciliant de Mme Merkel, qui l’aime bien. Comme M. Hollande, elle a posé une ligne rouge (...) : on peut aménager des zones de confort pour les Britanniques au sein de l’Union, mais il n’est pas question de toucher aux acquis fondamentaux ni à la nature de l’UE. A M. Cameron, ensuite, de vendre ces concessions à ses électeurs. "

Pour en savoir plus : Le Monde.fr

A suivre ...

Dans un article intitulé "Le « no, thanks » de Merkel et Hollande à Cameron" Le Monde du 25 mai nous donne des bonnes nouvelles :

Le Monde s'est procuré un document interne produit par la France et l'Allemagne, lesquels ont conjointement soumis à Jean-Claude Juncker, le président de la ommission – qui par ailleurs pilote d’ici à la fin juin la préparation d’un rapport sur l’approfondissement de l’Union monétaire –, une proposition pour que la zone euro se dote d’un programme dans « quatre domaines d’action, qui devraient être développés dans le cadre des traités actuels dans les prochaines années » : la politique économique, la convergence économique, fiscale et sociale, la stabilité financière et les investissements, et la gouvernance de l’Union monétaire.

Le document aurait été finalisé par François Hollande et Angela Merkel, en marge du sommet du « partenariat oriental » le 22 mai à Riga.

Leur « contribution sur l’Union monétaire » démontre que les dirigeants français et allemands ne partagent pas grand-chose en commun avec David Cameron. Dans leur document, le chef de l’Etat et la chancelière annoncent même vouloir proposer d’ici à la fin 2016, des « étapes supplémentaires (…) qui pourraient cette fois examiner le cadre politique et institutionnel, les instruments communs et les bases juridiques (…) pertinents à long terme ». Rien ne dit que cela ne débouchera pas alors sur une refonte en profondeur des traités. Mais ni dans le sens, ni selon le calendrier esquissé par David Cameron.

Voilà une double bonne nouvelle :
- la France et l'Allemagne veulent plus d'intégration de la zone euro
- les deux pays ne craignent pas le chantage de Cameron sur le Brexit.

Affaire à suivre !

Les informations se sont plutôt orienté vers une UE à "deux vitesses" avec un renforcement de la zone euro.
Le premier point est effectivement une bonne chose, mais j'ai la sensation que la "deuxième vitesse" va permettre de faire toutes les concessions que souhaite Cameron...

Pour le renforcement de l'UE:
http://www.euractiv.fr/sections/euro-fi ... ree-315149 daté du 05/06/2015
Beaucoup d'éléments positifs, mais aucun accord ne semble apparaître sur le volet "sociale", donc toujours la guerre économique étatique sur le dos du système sociale.

Oui, on peut penser que le " bras de fer " de David Cameron va accentuer la dichotomie entre la Zone Euro et le reste de l'Union européenne :
- D'un côté, les pays de la zone euro qui, bon gré mal gré, vont continuer à avancer sur le terrain de l'intégration. La monnaie commune en a constitué la première phase. On se rend compte, depuis la " crise de l'euro ", que sans un pilotage commun des politiques budgétaires et fiscales, sans un pilotage commun du domaine économique, l'union monétaire est exposée à de dangereux soubresauts. A partir du moment où l'on parle de coordination budgétaire, on franchit, sans nécessairement le formuler clairement, une étape supplémentaire car, au-delà des chiffres bruts, un budget exprime des choix politiques et sociaux. A ce stade, on commence à flirter sérieusement avec l'intégration politique.
- D'un autre côté, l'Union européenne dans son ensemble, réduite, pour l'essentiel, à une vaste zone de libre-échange. Le Royaume-Uni, depuis qu'il a rejoint l'UE - après une opiniâtre résistance du général de Gaulle - s'est employé à circonscrire le projet européen à ce domaine. C'est cela que David Cameron va tenter de préserver, en arrachant si possible des degrés de liberté supplémentaires pour les pays non membres de la zone Euro et pour le Royaume-Uni en particulier.
Le débat promet d'être animé. Il sera très probablement profitable à l'intégration européenne car chacun devra choisir son camp.
Tout ceci ne devrait pas être sans incidence sur les institutions européennes. Peut-on imaginer durablement un Parlement européen représentant à la fois les pays prêts à avancer sur la voie de l'intégration et ceux qui freinent des quatre fers ?

Les anglais envisage d'accorder le droit de vote à partir de 16 ans pour le référendum.
http://www.euractiv.fr/sections/royaume ... -du-brexit
Cameron est officiellement contre, mais je pense que dans le fond il est pour si cela permet de garantir un "OUI".

Qu'es ce qu'il ne ferait pas pour rester dans l'UE et continuer à lui nuire...

Dans le Huffington Post daté du 15/06/2015, Patrick Martin-Genier, spécialiste des questions politiques, européennes et des collectivités territoriales, revient sur la tournée de M. Cameron auprès des chancelleries européennes.

Il note qu'au delà du langage diplomatique, destiné en particulier à faire en sorte que Davis Cameron puisse donner l'impression qu'il ne rentre pas bredouille à la maison, les chefs d'Etats européens ne sont pas disposés à lui concéder grand chose. Et ce y compris en Allemagne, où Mme Merkel redoute pourtant fortement le Brexit. Car les dirigeants européens l'ont bien compris : renégocier des aspects aussi fondamentaux que la libre circulation des personnes au sein de l'union, c'est détricoter la patience construction entreprise jusqu'ici.

La situation est par ailleurs très délicate pour M. Cameron à domicile. Les eurosceptiques sont déterminés, ne croient pas en ses capacités de pouvoir renégocier significativement les traités, et ses intentions elles-mêmes sont perçues comme illisibles. Patrick Martin-Genier y voit même là un risque pour son poste. Après une victoire éclatante aux législatives, il pourrait donc ne pas pouvoir se maintenir au pouvoir.

(Note personnelle : une telle éventualité pourrait conduire encore plus vite au Brexit que si les affaires restent sous la conduite de M. Cameron)