On peut être le pays le plus riche et le plus puissant de la planète et ne pas figurer en bonne place dans le palmarès mondial de la santé et de l'espérance de vie. On savait déjà que l’espérance de vie avait baissé en 2008 aux USA. Faiblement (1,2 mois) mais, à 77,8 ans, elle était déjà inférieure de 4 à 5 ans aux meilleurs niveaux occidentaux. Les morts « brutales » (accidents cardio-vasculaires notamment) y régressent mais l’état de santé général de l’un des peuples les plus microbophobes de la planète se dégrade. L’obésité est l’une des manifestations les plus évidentes de cette dégradation mais il y en a beaucoup d'autres comme vient de le révéler une étude approfondie de l'Institute of Medicine of the National Academies, organisme chargé d'éclairer et conseiller le gouvernement américain en matière de santé.
La notice de présentation de cette étude indique que : " The United States is among the wealthiest nations in the world, but it is far from the healthiest. For many years, Americans have been dying at younger ages than people in almost all other high-income countries. This health disadvantage prevails even though the U.S. spends far more per person on health care than any other nation. (...) No single factor can fully explain the U.S. health disadvantage. It likely has multiple causes and involves some combination of inadequate health care, unhealthy behaviors, adverse economic and social conditions, and environmental factors, as well as public policies and social values that shape those conditions. Without action to reverse current trends, the health of Americans will probably continue to fall behind that of people in other high-income countries. The tragedy is not that the U.S. is losing a contest with other countries, but that Americans are dying and suffering from illness and injury at rates that are demonstrably unnecessary. "
Ce que l'on peut traduire comme suit :
" Les USA font partie des nations les plus riches au monde mais ils sont loin d'avoir la meilleure santé. Depuis des années, les américains meurent plus jeunes que les habitants de presque tous les pays à hauts revenus. Ceci prévaut alors même que les USA dépensent beaucoup plus par habitant pour la santé que toute autre nation. (...) Aucun facteur ne peut expliquer à lui seul cette situation. Les causes en sont multiples : soins inadéquats, modes de vie, mauvaises conditions économiques et sociales, facteurs environnementaux, ainsi que les politiques publiques et valeurs sociétales. A défaut d'action pour renverser les tendances actuelles, la santé des américains continuera probablement à se dégrader au regard de celle des populations des autres pays à revenus élevés. La tragédie n'est pas que les USA sont en train de perdre une compétition avec d'autres nations, mais que des américains meurent ou souffrent de maladies et de blessures à un degré dont on peut démontrer qu'il n'est pas une fatalité ".
Le résumé qui ouvre le rapport indique que ce mauvais score des USA ne peut pas être attribué seulement aux conditions de vie défavorables des minorités ethniques ou à la pauvreté, puisqu'il concernerait aussi des personnes "hautement avantagées".
Cependant, en page 4, il est précisé que : " l'adversité économique et sociale importe grandement dans la santé et affecte une proportion importante de la population. En dépit de leur puissance économique, les USA ont un taux de pauvreté et d'inégalité plus élevé que celui de la plupart des pays à hauts revenus. (...) Les américains ont un moindre accès aux "filets de sécurité" qui aident à tempérer les effets de l'adversité dans d'autres pays. "
Cette étude apporte du renfort à tous ceux qui considèrent que des indicateurs économiques tels que le PIB et sa croissance sont impuissants à exprimer de façon correcte le bien-être des populations ... et celui de la planète qui les héberge, dont la santé mériterait aussi quelques égards.
Le rapport complet peut être consulté en ligne : http://www.iom.edu/Reports/2013/US-Health-in-International-Perspective-Shorter-Lives-Poorer-Health.aspx