Le 30 novembre 2011, Laurence Parisot a publié, sur son blog, un article (
http://www.laurence-parisot.com/index.php/lire-lactualite/items/creons-les-etats-unis-deurope.html), repris par Le Monde.fr, qui permet de mieux situer les tenants et aboutissants de sa déclaration du 3 novembre sur Europe 1.
Extraits :
Sur l'endettement des Etats européens : "
Rétrospectivement, la complaisance à l'endettement est stupéfiante. Ce qu'il aura fallu de naïveté, de court-termisme, de déni et au total d'irresponsabilité pour emprunter toujours plus sans se préoccuper de la création de richesses en regard apparaît aujourd'hui choquant et inacceptable. Mais, pour étendre notre Etat-providence encore et encore, que n'aurait-on pas fait ?. "
Double erreur madame :
- La crise en Europe n’a pas été déclenchée par le niveau de la dette, c’est la crise qui a propulsé les dettes publiques à leur niveau actuel, par un double effet de ponction budgétaire et de compression des recettes. Pour s’en tenir à la France, en dix ans, de 1998 à 2007, la dette publique a été contenue entre 59,4 et 63,8 % du PIB. Il a fallu l’irruption de la dernière crise majeure pour qu’elle passe à 85 % à fin 2011 (89 % à mi 2012).
- Encore aujourd’hui, le taux d’endettement public est moins élevé pour l’Union européenne dans son ensemble qu’il ne l’est pour les USA, la Grande-Bretagne ou le Japon.
A propos des institutions européennes : "
Les structures et les procédures sont peu lisibles, au point que l'on s'y perd et que l'Europe ne peut pas ne pas avoir un temps de retard face aux défis protéiformes et quotidiens. Ses réponses sont techniques et minimalistes là où l'investisseur voudrait un souffle et une ambition : c'est une crise politique. "
Ah bon, l'investisseur veut du souffle et de l'ambition. Il ne voudrait pas plutôt du rendement ?
Et le citoyen, il veut quoi ?
Et que dire de la "
réprobation des pays émergents car l'Europe freinerait leur croissance en ne réglant pas ses problèmes " ?
C'est vrai ça, il faudrait se bouger un peu pour accroître la croissance des croissants.
Encore plus fort : "
Tout ce que nous avons construit depuis cinquante ans se trouve ébranlé de l'intérieur et de l'extérieur par des attitudes qui laissent prise à la spéculation. ".
Mais ce qui a été "
bâti depuis cinquante ans ", c'est précisément un délire spéculatif qui a provoqué la plus belle succession de crises d'origine financière jamais enregistrée dans l'histoire du capitalisme.
Dommage que Laurence Parisot, dont on notera qu'elle ne parle pas des " marchés " (cela repose des sempiternelles courbettes aux marchés de nos gouvernants), ne se soit pas contentée de sa conclusion : "
La solution existe. Elle est audacieuse. Elle s'appelle Etats unis d'Europe, fédéralisme européen, délégation de souveraineté. Elle offrirait enfin aux Européens un projet, une ambition, une fierté. Mais elle nous oblige à changer nos habitudes, à conférer une responsabilité politique plus grande aux institutions européennes, à considérer d'emblée à leur échelle européenne les questions sociales, et pas seulement budgétaires et fiscales. Il faut vouloir avancer vers un territoire reconfiguré, vers une nouvelle patrie, vers l'an I d'une véritable pratique de notre histoire fédérale. "