Le PIB est devenu l'un des indicateurs économiques majeurs.
Les moindres frémissements de son taux de croissance (ou de décroissance) sont suivis à la décimale près par les économistes et les politiques. Il est le dénominateur d'expression de nombreuses statistiques, à commencer par la " dette publique ", dont on nous dit que, au-delà de 60 % du PIB, elle serait excessive (cf les " critères de Maastricht " et le récent Traité budgétaire).
Chacun est invité à consommer ce matraquage statistique et de trembler ou de se réjouir au gré des statistiques dont nous sommes abreuvés.
Mais qui sait ce que signifie ce fameux " PIB " et comment il est calculé ?
Le PIB est le parfait reflet de nos temps consuméristes : il additionne tout ce qui se vend, le meilleur comme le pire, et il ignore tout ce qui est gratuit. Il ne prend pas non plus en compte ce qui est détruit ou dégradé.
Cet indicateur envahissant et tyrannique mérite un examen approfondi et nous y reviendrons.
Dans l'immédiat, contentons-nous d'évoquer le travail domestique, non comptabilisé car gratuit, qui, selon l'INSEE, aurait représenté en France 60 milliards d'heures en 2010, soit plus que le travail rémunéré ! Ce travail gratuit apporte pourtant un service incontestable et indispensable. Intéressant, non ? Incidemment, on constate que ce sont les femmes qui en portent la plus lourde charge.
On pourrait mener la même analyse sur le travail bénévole, notamment dans les milliers d'associations qui, souvent et de plus en plus, tentent de suppléer au désengagement des budgets publics.
L'INSEE résume comme suit son étude sur le travail domestique :
" Chaque jour, en moyenne, nous consacrons plus de 3 heures à des tâches domestiques (cuisine, ménage, courses, soins aux enfants, etc.). Ce faisant, nous produisons des services dont nos proches et nous-mêmes pouvons profiter. Mais ces services ne sont pas comptabilisés dans le produit intérieur brut (PIB), alors qu’ils le seraient si nous les achetions, sous la forme par exemple d’heures de ménage. Dans une optique de mesure élargie des niveaux de vie, il importe de connaître la valeur de cette production. Selon les activités que l’on retient comme productives, le temps consacré à la production domestique sur une année en France représente une à deux fois le temps de travail rémunéré. Avec des choix intermédiaires de champ et de valorisation, cette production est évaluée à 33 % du PIB. Ce travail est majoritairement réalisé par les femmes (64 % des heures de travail domestique). "
Pour accéder au texte complet de l'étude de l'INSEE et à une série d'autres documents sur le même sujet :
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1423