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Comment quitter l’euro ?

L’ « International Herald Tribune » du 4 avril 2012 publie sous le titre "Break up euro zone, win a prize" un reportage sur une compétition lancée en Angleterre et dotée de 250,000 livres sterling de récompense à celui qui rédigera la proposition la plus élégante sur le plan technique à l’usage du gouvernement d’un pays membre de la zone euro souhaitant la quitter. Le prix est offert par Simon Wolfson Directeur Général de la chaine d’habillement britannique NEXT. Le jury est composé d’économistes et de consultants.
425 propositions ont été reçues et le gagnant sera annoncé le 5 juillet. Cette compétition a attiré l’attention des milieux financiers euro-sceptiques de Londres dont émanent la plupart des papiers soumis. Selon des fuites le jury serait particulièrement impressionné par la soumission d’une femme analyste centrée autour de l’idée de la création d’une deuxième zone euro dont la monnaie pourrait se déprécier plus rapidement pour permettre plus de souplesse dans la gestion financière aux gouvernements des pays plus faibles financièrement qui en feraient partie. Une zone euro pour les pays plus forts économiquement avec des critères de gestion plus strictes existerait parallèlement.

Cela me paraît relever d'une entreprise de sape organisée.
Déjà à l'époque de la création de la zone euro, de nombreuses voix aux Etats-Unis et en Angleterre s'étaient élevées pour dénoncer une monstruosité, un avion qui ne volerait pas, etc.
J'imagine que parmi les europhobiques certains rêvent de prendre leur revanche et s'imaginent qu'en réussissant à enfoncer un coin dans l'édifice, la désagrégation s'en suivra plus facilement. Une sortie de la zone de l'un des pays membres (éventuellement encouragée par l'extérieur de la zone) ouvrirait sans doute une voie d'eau opportune... y compris au fait de faire un profit magistral à l'aide de quelques produits structurés bien sentis !

La proposition de cette femme analyste semble correspondre à celle développée par Christian Saint Etienne dans son livre "La fin de l'euro" (2011, chapitre 2 : "L'émergence de deux zones euro").
Ce ne serait pas forcément la fin de l'Europe, ni de l'euro. Ce serait une façon d'admettre que l'on est allé trop vite en unissant des économies aussi disparates, sans s'être assuré d'une volonté politique forte et durable d'aller vers une véritable fédération.
La dévaluation que subirait l'euro "faible" aurait le mérite de rendre plus compétitives les économies concernées et de soulager la pression infernale sur les coûts de production (cf les plans de rigueur actuels avec baisse des salaires, des prestations ..). Cela ne règlerait pas tout pour autant, à commencer par la dette qui ferait un bond monumental (elle resterait exprimée dans les monnaies dans lesquelles elle a été contractée).
La sortie "par le haut" pour l'Europe serait bien sûr une véritable péréquation économique et sociale, mais nous n'en prenons pas le chemin.
Ceci dit, l'initiative de ce Simon Wolfson rejoint la longue litanie des coups de pied de l'âne du Royaume-Uni à l'encontre de la construction européenne.