Le Monde.fr du 27 septembre 2012 reprend une analyse parue sur le blog " Economie et philosophie ", relative à l'évolution de la dépense publique en Allemagne depuis 1990, qui a le mérite de mettre à mal quelques idées reçues sur la rigueur qui aurait prévalu en Allemagne ces dernières années, en matière de dépense publique.
Nous citons :
" Au moment où les Européens s'interrogent sur le rôle et la taille que doit avoir l'Etat dans leurs économies, on entend souvent dire que l'Allemagne a fortement réduit ses dépenses publiques. Cette réduction expliquerait, du moins en partie, pourquoi ce pays s'en sort mieux que les autres. Ainsi, dans son récent rapport sur la dépense publique et son évolution, le ministère du Budget explique que "l'Allemagne a fortement réduit la part de ses dépenses dans le produit intérieur brut (PIB) entre 2003 et 2008. A l'inverse, la part de la dépense dans le PIB français demeure stable depuis plus de dix ans".
Pourtant, les données allemandes montrent que si la dépense publique a connu d'importantes fluctuations depuis vingt ans, aucune baisse tendancielle ne se dégage. Si on prend trois années se trouvant à peu près à égale distance et à un stade similaire du cycle conjoncturel (1990, 2000 et 2011, par exemple), la dépense publique totale est presque inchangée (respectivement 44,2 %, 45,1 %, et 45,6 % du PIB).
En fait, ces grandes fluctuations sont faciles à expliquer. Côté numérateur, la réunification a provoqué une forte montée, suivie d'une diminution, des dépenses publiques, comme celles
liées à la modernisation et à l'assurance chômage dans les Länder de l'Est (le chômage y est passé de 10 % en 1991 à 18 % entre 1997 et 2005, pour descendre ensuite à 10,3 % en 2012.) Côté dénominateur, l'Allemagne a connu deux phases de stagnation du PIB ayant duré de trois à quatre ans (de 1991 à 1993 et de 2001 à 2005). Elle était alors présentée comme "l'homme malade de l'Europe". Elle a aussi connu trois sprints ou pointes de vitesse de deux à trois ans, notamment de 2009 à 2011, pendant lesquels on a parlé du "miracle allemand". Dans le premier cas, le ratio dépenses publiques/PIB tend à augmenter, alors qu'il tend à diminuer dans le second. "
A creuser, notamment en matière d'origine et de contenu exact des données.
Souvenons aussi que l'Allemagne aura été, en 2005, l'un des plus ardents défenseurs de l'assouplissement des critères de Maastricht en matière de rigueur budgétaire, à un moment où elle estimait en avoir bien besoin ...