Une fois de plus, le service Recherche économique de la banque Natixis, sous la plume de Patrick Artus, nous propose une réflexion stimulante, cette fois-ci sur le thème du comparatif Europe / Japon en matière de politique économique et monétaire.
Extraits :
" Aujourd’hui, la différence de politique économique entre la zone euro et le Japon est très importante :
- volonté de réduction du déficit public dans la zone euro, déficit public très élevé et relance budgétaire au Japon ;
- politique monétaire assez conservatrice dans la zone euro, politique de violente expansion monétaire au Japon.
Mais ne voit-on pas apparaître les premiers signes d’un basculement du modèle de la zone euro vers le modèle du Japon :
- avec le recul de l’activité, de plus en plus de pays ne parviennent plus à réduire leur déficit public, et peut-être vont-ils renoncer à le réduire ;
- les taux d’endettement publics vont alors continuer à augmenter, ce qui forcerait la BCE à mettre en place une politique d’achats très importants de dettes publiques pour éviter la hausse des taux d’intérêt ;
- comme le Japon, la zone euro ayant un excès d’épargne domestique pourrait accepter un taux d’endettement public très élevé à condition que la politique monétaire maintienne les taux d’intérêt nominaux à un niveau très faible. "
On reconnaîtra ici des thèmes qui nous sont chers :
- la dépense budgétaire, si elle est bien conduite (chantiers d'intérêt général, services aux personnes, choisis pour bénéficier à l'activité locale et non aux importations) est la seule mesure publique dont on puisse être certain qu'elle va relancer l'activité, puisqu'elle génère immédiatement du chiffre d'affaires et des revenus locaux ;
- contrairement à la politique monétaire dont l'effacité dépend des réactions de multiples agents économiques : propension à investir des entreprises ; propension à prêter des banques ; aujourd'hui, l'abondance de masse monétaire irrigue plus les circuits spéculatifs, avec le risque de nouvelles "bulles", que l'économie réelle ;
- la puissance publique doit pouvoir mener cette politique en se finançant à bon compte, auprès de la banque centrale ;
- l'endettement public doit être le moins possible dépendant des circuits financiers spéculatifs.
Sur ce dernier point, il faut préciser que les situations de départ de la zone Euro et du Japon sont très contrastées :
- globalement la zone Euro a un taux d'endettement public inférieur à 100 % du PIB, mais elle est devenue très dépendante des "marchés" et de l'étranger pour le financement de cette dette, ce qui explique notamment l'attention apportée par ses dirigeants au moindre froncement de sourcil des agences de notation ;
- le Japon a un taux d'endettement public qui dépasse les 200 % mais le financement de cette dette est domestique pour l'essentiel, ce qui rend le pays beaucoup plus libre de sa politique économique et monétaire.
Pour accéder au texte complet de l'étude Natixis : http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=69706