Au cours d'une réunion électorale à Rendsburg (Schleswig-Holstein), le 28 août 2013, Angela Merkel a déclaré : " La Grèce n'aurait jamais dû être admise dans la zone Euro "
Il est bien temps de (feindre de) s'en apercevoir.
Elle cherche ainsi à cajoler l'opinion publique allemande et à dégager sa responsabilité d'une décision prise, en 2000, par son prédécesseur, Gerhardt Schröder, social-démocrate.
Classique, en pleine période de campagne électorale, mais est-ce bien digne ?
Quelle impression de pareilles déclarations peuvent-elles produire en Grèce, dont on soumet la population à un régime drastique depuis maintenant 3 ans ? Si la Grèce n'a rien à faire dans la zone Euro, pourquoi ne pas en avoir tiré les conséquences en 2010 avant de prescrire ce régime ? Quel a été le poids des intérêts financiers et commerciaux des pays dits "vertueux", dont l'Allemagne, dans les choix qui ont été opérés ?
L'accord d'association, qui a inauguré les négociations entre la Grèce et la CEE, remonte au 8 juillet 1959. Un demi-siècle n'a pas suffi à la CEE (puis à l'UE) pour prendre conscience des particularités de la Grèce et aider ce pays à remédier aux lacunes de son organisation administrative et fiscale ?
L'UE a soutenu financièrement la Grèce mais elle ne l'a pas suffisamment accompagnée dans la réforme de ses institutions. Il est normal qu'elle en partage aujourd'hui le prix.
L'Union européenne ne vivra que si elle devient une collectivité solidaire, dans laquelle chacun apporte son histoire et ses richesses, qui sont diverses. Le procès fait à la Grèce illustre la réduction de " l'Union " actuelle à un conglomérat d'intérêts économiques et financiers soumis aux dogmes de la mondialisation ultralibérale.
Pour une bonne rétrospective de ce drame, une note déjà un peu ancienne des Economistes atterrés (15 juillet 2011) :
" L’imbroglio grec. La dette souveraine grecque prise au piège de la zone Euro ".
Economistes atterrés
(et merci à Coukoutsi pour le tuyau)