par KERHUNE » Mer 27 Jan 2016 16:46
Dans le cadre de cette volonté d'aller de l'avant sans se décourager, il semble que l'une des solutions soit de réduire le nombre des problèmes. Nous avons la crise grecque et celle des migrants. Pourquoi ne pas les fusionner pour n'en faire qu'une seule ? Pourquoi, en effet, ne pas rendre les grecs responsables de la crise migratoire en Europe puisqu'on met en avant leur incapacité de maîtriser leurs frontières (près de 15 000 kms) avec des effectifs publics sous pression de la Troïka en particulier ? D'après une interview de Fabrice LEGGERI (Le Parisien) le patron de FRONTEX (coordination européenne des gardes frontières aux limites de l'espace SCHENGEN) la Grèce a vu affluer en 2015 plus de 600 000 réfugiés (jusqu'à 15 000 par jour) . FRONTEX n'a reçu, à sa création, aucun mandat relatif à la sécurité (criminalité), ce rôle restant dévolu au pays d'accueil. La Grèce, il est vrai n'était pas trop demandeuse d'une aide de FRONTEX et l'Europe ne pouvait pas intervenir sans son accord, même si le pays avait accepté une première aide relative à l'identification des migrants.
Pourtant, à première vue, mais je ne suis pas expert, il semble que les flux migratoires viennent de l'est et la Grèce me semble être le pays européen le plus à l'est donc le plus exposé ! Le rôle de la Grèce était d'enregistrer les migrants dans une base de données, de leur fournir des visas et de tenter de déceler les dangers que certains représentaient, en distinguant les réfugiés des migrants économiques. Le nombre de faux papiers ajouté à l'absence de connexion des bases de données des autres pays européens dans un contexte inhabituel quant aux volumes et à la pression sur les dépenses publiques ne facilitaient pas la tâche. Il y a une différence de nature entre une situation de routine et la crise actuelle qui voit des flux migratoires considérables en provenance de zones de conflit; et ce surtout quand se trouve à quelques dizaines de kilomètres l'ennemi héréditaire, la Turquie. Une grande partie de la frontière entre ces deux pays est discontinue, jalonnée d'îles de la mer Égée orientale tantôt grecques tantôt turques. La Turquie est elle-même submergée par ces flux migratoires mais elle les instrumentalise pour à la fois gêner son voisin, l’ennemi de toujours et punir l'Europe de faire la fine bouche devant sa volonté d'intégrer l'Union.
L'appel d'air initié par l'Allemagne n'est pas pour rien dans le chaos actuel. L'Europe a le devoir d'accueillir les réfugiés dans cette situation dramatique mais quand s'y ajoute, sous couvert d'humanisme, la tentative de la première économie européenne de pallier ses problèmes de natalité en attirant, de plus, des gens formés dont elle n'aura pas à assurer le coût de la formation, la confusion devient complète. Qui va négocier avec la Turquie en envisageant même de relancer le processus d'adhésion avec, en prime, une aide de 3 milliards d'euros et des facilités quant aux visas européens pour les ressortissants turcs ? Est-ce l'Allemagne au nom de l'Europe ou Allemagne seule ? Quid de Mme Frederica MOGHERINI « Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité »?
La décision de cette fin d'année 2015 d'ajouter au rôle de FRONTEX celui d'endiguement du flux au travers d'une meilleure analyse de la provenance des migrants et de leur rôle potentiel dans le terrorisme qui frappe l'Europe, complète le dispositif un peu tardivement. FRONTEX va pouvoir intervenir en Grèce avec cette nouvelle mission. Mais à peine cette décision prise, on voit pointer le spectre d'une exclusion de la Grèce de l'espace SCHENGEN ! Le père fouettard européen reprend donc du service après la Saint Nicolas ! Quoi de plus naturel que l'usage du bouc émissaire pour éviter de se remettre en cause. De nombreux politiques peu scrupuleux en ont fait l'usage de tous temps. La carotte pour la Turquie, le bâton pour la Grèce !
Les accords de SCHENGEN, même s'ils ne pouvaient prévoir des flux aussi importants auraient dû prendre en compte la situation géopolitique des États membres et prévoir dès le départ une intervention obligatoire à l'égard des pays les plus fragiles et les plus exposés.
Encore une institution européenne qui ne résiste pas aux premières difficultés parce qu'elle n'est pas accomplie faute d'esprit européen (D'aucuns disent, à présent, que SCHENGEN est mort). Il en est allé de même de l’euro, mis en place sans une coordination des politiques économiques, budgétaires et fiscales, ou de la coordination bancaire alors que les États comme la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne se sont précipités dans des réformes nationales afin de repousser la réforme européenne.
Derrière tout cela on trouve l’irresponsabilité des États membres, mais aussi le manque de vision et de charisme des dirigeants européens, qui malheureusement n'ont été choisis que pour leurs capacité à ne pas entrer en conflit avec des responsables politiques nationaux en manque de projets. La nouvelle pythie libérale ne leur a pas fourni l'oracle adéquat et il est à craindre que ce ne soit pas pour demain !
Faut-il alors s'étonner que prospèrent populismes et nationalismes devant une telle confusion et l'absence de projets et de valeurs que cela révèle à tous niveaux ? On peut se demander si la nouvelle génération des responsables politiques nationaux et européens n'est pas tellement habituée à s'en remettre aux décisions des marchés que c'est la panique lorsque ceux-ci ne leur dictent pas la conduite à suivre.......