Finalement, le suspense n'était peut-être pas trop grand ! Les conservateurs l'emportent, en particulier, avec les voix des Tories britanniques et le revirement très politique des libéraux de Guy VERHOFSTADT. Le nouveau président fait état d'une expérience politique de 20 ans comme un atout pour sa nouvelle fonction. Malheureusement, cette expérience comporte en particulier, sa contribution à l’ascension de Silvio BERLUSCONI par la création du parti FORZA ITALIA, son rôle de porte-parole de ce même parti et une attitude peu réactive lorsqu’il était commissaire au transports, face aux dénonciations dès 2012, par un fournisseur de VOLKSWAGEN, de pratiques indélicates dans le calcul des émissions polluantes. L'attitude de M TAJANI face à ce fournisseur, lanceur d'alerte, si elle est avérée, aurait dû également le disqualifier pour la présidence du Parlement Européen.
https://www.euractiv.fr/section/climat-environnement/news/spectre-of-dieselgate-hangs-over-tajani-on-eve-of-presidential-election/Si les institutions européennes ne peuvent raisonnablement refuser la nomination d'un commissaire au prétexte qu'il aurait été membre d'un parti dont le dirigeant est peu recommandable mais démocratiquement élu, elles devraient sans doute se préoccuper de savoir quelle aurait dû être l'attitude de ce même commissaire dans le cadre du scandale environnemental Volkswagen. Une commission d'enquête a été créée par le Parlement Européen mais comment ce même Parlement pourrait-il conclure à la responsabilité du président qu'il vient d'élire ?
http://www.europarl.europa.eu/news/fr/news-room/20151216IPR08007/dieselgate-le-parlement-met-en-place-une-commission-d'enqu%C3%AAteLa responsabilité des commissaires est réglementée par le "PROTOCOLE SUR LES PRIVILÈGES ET IMMUNITÉS DE L'UNION EUROPÉENNE" de 2004 où l'on peut lire, en particulier, à l'article 17 du chapitre VII: "Chaque institution de l'Union est tenue de lever l'immunité accordée à un fonctionnaire, ou autre agent, dans tous les cas où elle estime que la levée de cette immunité n'est pas contraire aux intérêts de l'Union". Il va de soi que l’intérêt de l'Union est qu'il n'y ait pas de discrédit jeté sur un ancien commissaire, actuel président du Parlement Européen. On voit mal, de plus, un état membre demander cette levée d'immunité quand on sait que VOLKSWAGEN n’était peut-être pas le seul à tricher.
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:C:2004:310:0261:0266:FR:PDFL'affaire risque donc d'en rester là avec un président du Parlement européen mal élu et sujet à critique avant même son entrée en fonction. Mais qu'on se rassure, cela n’empêchera pas l'Union Européenne de continuer à dysfonctionner !
Quand comprendra-t-on enfin que c'est l'idée même d'Europe qui est en péril et, ce, bien au-delà du débat, toujours différé, sur le type d'Europe que ses citoyens veulent. Il est difficile de rendre opaque l'élection d'un président du Parlement et il faut donc, au delà des engagements partisans, ne pas prêter le flan à des critiques si évidentes, et, au contraire, donner la preuve d'un fonctionnement "éthique" des Institutions Européennes. Nous avons besoin d'Europe et le nouveau visage prévisible des USA devrait militer clairement dans ce sens. Alors, de grâce, rendons cette Europe attractive !