Il existe de multiples façons d’appréhender le « revenu » :
- on peut s’en tenir au salaire, brut ou net, avec ou sans primes, réel ou en équivalent temps plein (neutralisation du travail à temps partiel) ; dans ce cas, on laisse de côté tous les travailleurs non salariés (professions libérales, « indépendants », …) et tous les non travailleurs ;
- ou bien prendre en compte l’ensemble des revenus du travail et du capital (intérêts perçus, dividendes, plus et moins-values de cession …) ;
- on peut ensuite y ajouter l’effet des prélèvements et transferts fiscaux et sociaux qui, selon les, cas améliore ou diminue le revenu ; on en arrive là à la notion de « revenu disponible » ;
- on peut enfin exprimer le revenu disponible par personne ou par ménage .
Pour être tout à fait complet, il faudrait ensuite prendre en compte :
- les « avantages en nature » dont peuvent bénéficier certaines personnes ou certains ménages : gratuité ou réductions tarifaires pour certains services ; accès aux aides « humanitaires » ; mais on sort alors du cadre du revenu monétaire disponible, avec les degrés de liberté qu’il offre à chacun ; pour l’essentiel ces mécanismes concernent les personnes en situation de misère, qui n’ont plus d’autre choix, pour survivre, que de s’inscrire dans le portrait-robot de la personne assistée ;
- les niveaux de service et de couverture sociale (santé, prévoyance, retraite, …) auxquels une personne peut avoir droit, en considération de ses cotisations obligatoires et des éventuelles cotisations de son employeur ; tout cela recouvre des réalités tangibles pour tout un chacun, mais n’est pas facile à résumer en un simple chiffre du fait du caractère doublement hypothétique des prestations (événements propres à chacun, évolution des règles de couverture).
Autant dire que tout cela n'est pas simple et ouvre la voie à d'interminables querelles de chiffres et de convictions, les propagandistes peu scrupuleux prenant soin de choisir la statistique qui soutiendra le mieux leur thèse ...
La notion de " Reste pour vivre " va plus loin dans l'analyse. Elle tient compte des dépenses " incompressibles " (se nourrir, se loger, se chauffer ...) pour déterminer la solde disponible pour de véritables choix de consommation (loisirs, culture, voyages ...).
Cette notion est particulièrement importante en un temps où l'évolution des prix du logement, de l'énergie ... a tendance à réduire à la portion congrue l'espace de liberté des ménages à faibles revenus. On comprendra aisément que plus les revenus augmentent et moins l'incidence des dépenses incompressibles est lourde.
Dans ce contexte, on ne peut que recommander la lecture du rapport que le C N L E (Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale) vient de consacrer à ce sujet : " Pour une mise en oeuvre du droit à des moyens convenables d’existence. Analyse établie autour du concept de « reste à vivre ». Juin 2012
http://www.cnle.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_CNLE_Reste_pour_vivre_imprimable_aout_2012.pdf