" Hollande marche dans les pas de De Gaulle ". Tel est le titre d'un article paru le 14 juin dans le Financial Times, sous la plume de Philip Stephens.
Extraits :
" La réponse allemande (...) est " plus d'Europe ". M. Kohl voulait une union politique (...). Mitterrand l'a repoussée. L'enthousiasme de la France pour la construction européenne n'a pas entamé sa conviction que les grandes décisions appartiennent aux gouvernements nationaux.
Il y a eu des moments de compromis – notamment lorsque Jacques Delors dirigeait la Commission – mais « l’Europe des patries « de De Gaulle est restée le leitmotiv de la politique française. Aujourd’hui, Mme Merkel réclame les changements du Traité qui ont été refusés à M. Kohl.
Pour la France, se détacher de l’Allemagne et prendre la tête des « pays du Club Med » reviendrait à effacer un demi-siècle de politique européenne française. Mes amis à Paris me disent qu’un tel mouvement représenterait une humiliation nationale. L’alternative est de quitter les pas de De Gaulle et de souscrire à la démarche d’intégration souhaitée par Mme Merkel »
Si l’on en croit un article du même jour du Monde (« Le plan de Hollande pour l’Europe »), il y aurait encore du chemin à faire pour rapprocher les points de vue français et allemand sur cette question du fédéralisme :
« Le "plan de croissance pour l'Europe" s'articule autour d'un triptyque : croissance, stabilité financière, et renforcement de l'union monétaire. Pour stabiliser l'euro, François Hollande plaide pour centraliser davantage la supervision des banques. Un point de convergence avec Angela Merkel, qui s'est convertie ces derniers jours à cette perspective. Il faut "mettre des pare-feu entre les banques et les Etats", avance-t-on auprès de la présidence. Pour l'Elysée, c'est à la Banque centrale européenne de devenir l'institution chargée de l'union bancaire, alors qu'à Berlin, comme au sein de la Commission, on cherche avant tout à muscler les pouvoirs de l'Autorité bancaire européenne, compétente pour les Vingt-Sept. (…)
L'affrontement n'est pas moins fort en matière de renforcement de l'union monétaire. M. Hollande continue de plaider en faveur des euro-obligations, selon une feuille de route calée sur dix ans. Angela Merkel refuse cette perspective : elle n'est pas prête à ce jour à organiser un référendum afin de modifier en ce sens la constitution allemande. "On peut faire beaucoup dans le cadre actuel", avance Berlin.
Pour l'Allemagne, le juste équilibre doit être trouvé entre partage des risques, et intégration, au nom d'une union politique d'inspiration fédérale. Sans parler de fédéralisme, François Hollande est prêt à dire "chiche à Merkel", selon un conseiller : d'accord pour une intégration politique accrue, mais seulement si nécessaire. François Hollande proposera, dans sa feuille de route, d'aller vers des "institutions politiques adaptées", sans être plus précis à ce stade. »
Ajoutons que l'Europe fédérale ne sera un progrès que si l'Europe est aussi sociale et démocratique.
Pour prendre connaissance de l'intégralité de l'article du Financial Times :
http://www.ft.com/intl/cms/s/0/81b7a26e-b4af-11e1-aa06-00144feabdc0.html#axzz1y8bwlO4L
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Indépendamment de l'article, on pourra lire aussi les commentaires qu'il a suscités, intéressants et bien documentés. Ces commentaires témoignent de la diversité de l'opinion britannique à l'égard de l'Union européenne. On y trouvera notamment, à plusieurs reprises, l’évocation de l’historique de centralisation de l’Etat français, qui ne serait pas sans incidence sur son attitude à l’égard du fédéralisme européen.
Pour prendre connaissance de l’intégralité de l’article du Monde :
http://abonnes.lemonde.fr/a-la-une/article/2012/06/14/le-plan-de-hollande-pour-l-europe_1718540_3208.html