Un jour, il y a plusieurs dizaines de mois, lorsque l'on entendait encore des haros sur la finance. J'écoutais un éminent spécialiste du milieu, menacer que si l'on régulait un temps soit peu la bourse, plusieurs points de PIB risquaient de s'en aller en fumée. Depuis je me pose la question : Le PIB de la finance n'est-ce pas précisément de la fumée ?
En effet, dans mon ignorance, je me dis que le PIB n'est pas impacté par la fluctuation des valeurs boursières du pays, mais bien par les bénéfices ou déficits des activités de la finance, et en ce qui nous concerne ici, de la spéculation. Bien...
Il est un fait que les activités de spéculation, tenues par d'éminents spécialistes, sont plus souvent en bénéfice qu'en déficit, même quand les valeurs sont généralement dans le rouge.
Mais ce bénéfice, excepté dans les rares périodes d’euphorie, ne provient t-il pas d'un déficit équivalent, supporté généralement par les petits porteurs, moins au fait des règles du jeu ?
Ce déficit là, ne découlant pas d'une activité « institutionnelle » est-il déduit du PIB, pour contrebalancer comptablement l'effet des gains dont il est issu ?
Si cette déduction est réalisée, il faudra alors m'expliquer comment il y a production de PIB positif, par la spéculation, en période de chute de valeurs généralisée.
Si tel n'est pas le cas, la fumée est bien le qualificatif qui convient.
Un autre jour, dans le même genre de circonstances, j'entendis que l'interdiction de la vente à découvert pénaliserait les places boursières qui l'instaureraient.
Là encore je suis malheureux d'une interrogation qui n’arrive pas à son terme.
Les entreprises ne peuvent pas apprécier les ventes à découvert qui les concernent, car ces types d'action s’accompagnent chez leurs auteurs, d'un espoir de chute définitive de la valeur impactée, voire, de coups de boutoirs portés contre l'entreprise, 'Short and distort' , jusqu’à ce que les banquiers, ne trouvant plus contrepartie aux prêts qu'ils leur ont accordé, décident de leurs couper toute alimentation.
Les entreprises ne seraient t-elles pas heureuses sur une place qui interdirait ce type de spéculation ?
Les vendeurs de matières premières, très logiquement, doivent avoir encore plus de raisons de détester ces pratiques.
Quels autres acteurs pourrions-nous trouver qui se désintéresse d'une telle place boursière ?
Les petits porteurs ? Il n'ont pas accès à ces techniques.
Les gros porteurs qui font des choix d’investissement. Ne seraient t-ils pas mieux protégés dans un tel environnement ?
Les spéculateurs, ah oui ! Il reste les spéculateurs...
Une dernière interrogation.
La bourse est une institution qui mutualise la recherche d'investisseurs pour les entreprises qui en ont besoin. Voilà une belle et bonne chose.
Je me rappelle mon grand-père, poursuivant la lecture de son journal en cherchant attentivement, sur les grands tableaux des pages roses, la ligne qui représentait sa maigre participation à l'élan économique de son époque.
Un glissement s'est produit, aussi timide que les premiers gestes de spéculations, aussi profond que la figure essentielle que revêt la bourse aujourd'hui, celle de la spéculation.
Les cours de la bourse, font maintenant l'objet d'une actualité développée, dans un certain mimétisme de celle des courses de chevaux.
Sujets de fond, curiosités, bons plans, dossiers spéciaux, interview, elles ont leurs journaux, leurs chaînes de télévision spécialisées et leurs sites internet.
Quel est le public de ces informations ?
Pensez vous que les traders de Goldman Sachs suivent avec passion ce genre de média et en déduisent leur stratégies?
Sur quoi se construit le profit des traders ? Ce n'est certes pas une activité qui repose sur la production d'une valeur ajoutée. Ces professionnels, ces initiés ne gagnent-ils pas ce que d'autres, au mieux, loupent dans les périodes d’euphorie, mais plus généralement perdent et de façon dramatique dans les dépressions ?
Pour que ce système tourne, il faut qu'il soit en permanence alimenté par de nouveaux arrivants près à perdre.
La machine médiatique ne joue-t-elle pas ce rôle de rabatteur ? Produisant en permanence l'image d'un système perméable auquel tout le monde peut avoir accès, elle déverse ces flots de conseils plus ou moins préfabriqués, chargés d’intentions que l'on ne peut deviner, et donne l’illusion à chacun que, pourvu de son intelligence indiscutable, il saura pénétrer les arcanes.
Vous connaissez ces tourneurs de cartes, qui accompagnés de quelques faux heureux joueurs, donnent sur une caisse en carton l’illusion d'un gain facile. La spéculation boursière ne fonctionne-t-elle pas avec les mêmes moteurs ? Et les journalistes de la presse affiliée, ne font-ils pas étrangement penser aux rabatteurs faussement passifs, que constituent les joueurs de notre métaphore ?
Quelqu’un, plus au fait de ces questions, pourrait t-il m’apporter la quiétude des certitudes ?
À oui ! au fond, les vrais joueurs sont animés du même sentiment que celui qui tient les cartes. Piquer facilement le pognon de l'autre.
Tout va bien alors !