Le rapport statistique 2013 du Secours catholique est une mine d'informations et d'analyses sur l'évolution quantitative et qualitative de la pauvreté en France.
Nous en citons l'éditorial, qui fait office d'avant-propos et de synthèse :
" Le taux de pauvreté des familles est en constante augmentation depuis 10 ans, tout particulièrement celui des familles monoparentales. L’augmentation de la
présence de couples avec enfants dans les accueils du Secours Catholique est le fait le plus marquant de ce rapport, signe d’une pauvreté désormais profondément
ancrée dans notre pays. La situation de vie en couple protège de moins en moins de la précarité, alors que l’emploi devient moins accessible. Le poids financier du
logement (loyer et énergie) est devenu aujourd’hui insupportable pour les budgets des ménages et demeure la première source d’impayés des personnes que nous rencontrons.
Au-delà de la pauvreté des familles, ce rapport souligne également les pauvretés - souvent silencieuses - des hommes seuls en rupture familiale, des seniors précaires ou des migrants éloignés de leur famille dans une société marquée par l’individualisme. Ce rapport fait aussi apparaître la réalité de plus en plus prégnante d’une fracture territoriale qui lézarde notre système de protection et marque de son empreinte une géographie de la pauvreté en France.
Notre système de protection sociale a atteint ses limites pour les plus fragiles.
À son origine, il a d’abord pris en compte la maladie, les accidents de travail puis soutenu les familles et enfin proposé un système de retraite par répartition. Au fil du temps, et avec retard, il a suivi l’évolution des besoins sociaux. S’il fonctionne encore pour la majorité de la population, il peine malheureusement, depuis plusieurs années, à remplir sa mission pour les plus fragiles, selon les situations et les territoires. Nous le constatons tous les jours lorsque nous voyons les couples avec enfants, les familles monoparentales, les seniors s’enfoncer petit à petit dans la précarité.
Dans le même temps, les inégalités se creusent de manière tellement alarmante que le forum de Davos considère ces disparités comme un risque important pour l’économie mondiale… Face à une telle situation, il est aujourd’hui déterminant de garantir une meilleure répartition de la richesse tant au plan mondial qu’à l’échelle de notre pays.
Il nous faut également repenser la gouvernance locale des dispositifs sociaux et les règles qui régissent leur application, afin d’en optimiser les effets. Au moment où se dessinent de nouvelles régions et où se débattent les responsabilités propres à chaque strate territoriale, notamment en matière de compétence sociale, le Secours Catholique porte trois convictions :
1. Ce n’est qu’en associant réellement les personnes en difficulté à la recherche de solutions qui les concernent que nous créerons des dispositifs adaptés à leurs besoins d’aujourd’hui. Il devient de plus en plus impératif d’ouvrir des lieux de concertation, de proposition et d’évaluation des dispositifs existants aux personnes directement concernées par la pauvreté.
2. C’est par le contact humain et la rencontre de proximité que se règlent de nombreux problèmes. Le Secours Catholique milite donc pour un droit effectif à l’accompagnement et un pilotage concerté des différents dispositifs publics et privés, à l’échelle de territoires à taille humaine.
3. Face à la limitation des ressources de l’État et des collectivités, il devient nécessaire de repenser le mode de répartition des ressources et dépenses de notre système de protection sociale afin qu’il puisse mieux subvenir aux besoins des plus fragiles.
Avons-nous d’autres choix si nous voulons promouvoir une société du « vivre-ensemble » qui redonne toute leur place aux plus fragiles d’entre nous ? "
Pour accéder au rapport complet : Secours catholique