Les " PPP " (Partenariats publics privés) sont des contrats par lesquels la puissance publique confie à une entreprise privée la construction ou la rénovation d'un équipement, ainsi que la gestion de tout ou partie des services associés à celui-ci, moyennant paiement d'un loyer sur une longue période, pouvant atteindre plusieurs décennies.
Un marché alloué à Bouygues en février 2008 porte sur la construction, mais aussi les services de maintenance et fonctionnement de trois prisons (restauration, blanchisserie, travail pénitentiaire, transport et accueil des familles), ce que le dossier du Canard enchaîné « Fric et affaires » commente comme suit : « Sur le modèle américain, le prisonnier est en passe de devenir une marchandise et la prison un bizness ». Verra-t-on un jour le nombre de prisonniers « gérés » parmi les indicateurs de « performance » de grands groupes privés ?
Ainsi, nous ne léguons pas seulement des dettes aux générations futures, nous leur léguons aussi des charges récurrentes (loyers, péages ...) et une « philosophie » de la vie en société …
Ces contrats se sont développés en France depuis 2004 pour deux motifs :
- la gestion privée serait plus efficace que la gestion publique (air connu ...) ;
- les loyers des PPP ne figurant pas dans les charges des budgets publics, il y avait là un moyen facile d'améliorer le ratio " déficit / PIB ".
Le second motif ayant disparu en 2010, du fait de la réintégration des loyers dans les dépenses budgétées, et beaucoup de contrats ayant défrayé la chronique (retards, surcoûts, anomalies diverses), les " PPP " auraient désormais plutôt mauvaise presse.
Les dégâts sont tels au Royaume-Uni (qui ont pris l’initiative de ces procédures en 1992) que le comité parlementaire au Trésor a pu écrire : « Le coût moyen du capital (d’un PPP) est de 8 %, le double des emprunts de l’Etat ». Quant à notre Cour des comptes, elle a conclu en octobre 2011 que « A périmètre comparable, la gestion publique semble moins onéreuse » et s’inquiète de la « soutenabilité budgétaire » de ces dispositifs.
Médiapart, du 23 juin 2014, publie un article riche en informations sur ce sujet : " Au grand raout du lobby des partenariats public-privé ".
Extraits :
" Le club des PPP a célébré mardi 17 juin les dix ans de l'ordonnance créant les partenariats public-privé. Alors que l'horizon s'obscurcit, l'influent lobby a tenu à raconter la belle épopée de ce « jeune outil de la commande publique » tout en proposant, sobrement, d'en changer le nom.
(...)
Ce mardi 17 juin, le club des PPP 3 avait mis les petits plats dans les grands pour célébrer les 10 ans de l’ordonnance de 2004 portant création des partenariats public-privé (PPP) au Cercle national des armées, à Paris.
« Dix ans de l’ordonnance des contrats de partenariats, on ne voulait pas manquer la date », lance le maître de cérémonie Marc Teyssier d’Orfeuil, délégué général du club des PPP, attendri devant les dix bougies de ce jeune « outil de la commande publique » qui a permis aux majors du BTP de réaliser de bien belles opérations ces dernières années. Mais lui a aussi valu quelques-uns de ses plus récents scandales : naufrage de l’hôpital francilien (un de nos articles ici), soupçons de corruption dans l’attribution du marché du Pentagone de la défense ou du grand stade de Lille... Sans compter les nombreux rapports de la Cour des comptes soulignant combien les PPP constituent, la plupart du temps, un marché de dupes pour la puissance publique. "
Pour accéder à l'article complet : Médiapart