Dans un entretien accordé au Figaro le 26 septembre 2012, Gérard Rameix, le nouveau Président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) déclare : " Les marchés sont devenus opaques ".
On finirait presque par s'habituer à ces déclarations des autorités de contrôle (et des hommes politiques) affichant leur impuissance face à un secteur d'activité qu'ils sont supposés contrôler. Il ne faut pas ! Il faut se donner la peine de prendre la mesure de l'inversion des pouvoirs à laquelle nous sommes parvenus après une trentaine d'années de dérégulation.
Laissons la parole à Gérard Rameix :
" Aujourd'hui, on a le sentiment que les marchés se sont concentrés sur la technologie et la sophistication et qu'ils ont totalement perdu de vue leur mission première, le financement de l'activité !
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Les marchés sont devenus très difficiles à maîtriser, en raison de la complexité des systèmes d'information. Le trading à haute fréquence s'est développé massivement ces deux ou trois dernières années, et je doute que les arbitrages frénétiques à la microseconde bénéficient au fonctionnement des marchés. La multiplication des plates-formes de cotation contribue aussi à cette extrême opacité. Les réponses à ces questions ne pourront être trouvées qu'au niveau européen.
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Personnellement, je n'ai jamais été un grand défenseur de la directive " MIF " (le texte européen à l'origne de cette libéralisation). Le choix de la libéralisation a été fait en 2007 afin d'ouvrir les marchés financiers à la concurrence, mais à quel prix ! "
Le 9 décembre 2010, le précédent Président de l’AMF, Jean-Pierre Jouyet (qui vient d'être nommé patron de la Caisse des dépôts et consignations), déclarait au Monde : « Nous n’avons pas eu une approche assez politique au moment de négocier la directive MIF (qui a ouvert à la concurrence les marchés financiers en Europe, avec effet au 1er novembre 2007). On ne s’est pas posé les bonnes questions : de quels marchés voulons-nous ? Comment faire pour qu’ils financent au mieux l’économie ? (…) Il faut réfléchir à ce qu’apporte cette accélération des échanges : quels sont les bénéfices financiers, économiques, pour quelle utilité sociale ? ».
Oui, il serait plus que temps, en effet, de se poser ces questions et d'y apporter les bonnes réponses.
C'est effectivement au niveau européen que ceci devrait se passer. Les propositions à venir du Commissaire européen Michel Barnier permettront de savoir si ce sont toujours les groupes de pression qui font l'essentiel de la loi européenne.