L'économie souterraine (" travail au noir ") n'est pas une nouveauté en Europe, mais la crise lui a donné un nouvel élan.
Les " petits boulots ", le travail non déclaré, permettent à des personnes au chômage ou en situation précaire d'améliorer leur revenu, sans subir de prélèvements fiscaux ou sociaux.
Certains sont dans une quasi-obligation de se " débrouiller " pour vivre ou faire vivre leur famille. D'autres pourraient faire autrement mais ne voient pas l'utilité de verser de l'argent à un Etat discrédité. Il en va ainsi notamment des employeurs qui tirent parti de la situation pour se procurer une main-d'oeuvre à bon compte.
Dans tous les cas, il ne s'agit que d'un gain à court terme, car les rendez-vous sont pour plus tard : couverture santé ? retraite ?
Cette économie parallèle aurait représenté, en 2009, 18 % du PIB « officiel » en Belgique (perte annuelle de recettes pour l’Etat : 26 Md €) , 23 % en Espagne et 25 à 30 % en Grèce . Son existence contribue à amortir l’impact des plans de rigueur, conjointement avec les solidarités familiales, mais au prix d’un assèchement des ressources fiscales et contributions sociales et d’un dépérissement de la cohésion sociale. Le risque est grand de voir s’enclencher un cercle vicieux : perte de recettes publiques, alourdissement des déficits et diminution des capacités d’intervention, renforcement de la rigueur, nouvelles évasions vers l’économie parallèle, etc …
L'économie souterraine est donc un palliatif à la crise, puisqu'elle permet à certains de " s'en sortir " à meilleur compte, mais elle la renforce aussi puisqu'elle prive l'Etat de ressources financières à un moment où il en a cruellement besoin, notamment pour soulager la misère des plus démunis.
Selon un article paru sur Le Monde.fr du 25 avril 2013, en Espagne, " sans l'économie souterraine, il y aurait déjà eu une révolution. "
Extraits :
" Comment l'Espagne n'implose-t-elle pas avec un taux de 27,16 % de sa population active au chômage au premier trimestre ? Chaque fois que paraissent les chiffres relatifs aux demandeurs d'emploi, la même question revient. Et la même réponse est faite par les sociologues, économistes et politiques : la solidarité familiale empêche de nombreuses personnes de se retrouver à la rue ; et, surtout, l'économie souterraine joue les amortisseurs, représentant, selon les estimations, entre 20 % et 25 % du produit intérieur (PIB) brut espagnol.
(...)
Le président du Syndicat des techniciens du ministère des finances, Carlos Cruzado, a assuré, en mars, que l'économie souterraine représente "240 milliards d'euros qui échappent au contrôle du fisc" et 60 milliards qui devraient être versés à l'Etat. "Sans parler des cotisations sociales, a-t-il déclaré. Le niveau de la fraude en Espagne est le deuxième plus élevé d'Europe, après la Grèce."
Pour accéder au texte complet de l'article : Economie souterraine ou révolution ?