Citoyens unis d'Europe - Solidarité et démocratie

L'arrivée d'Enrico Letta à la tête du gouvernement italien va-t-elle redonner vigueur à un front " anti-austérité " au sein de l'Union européenne ?
On se souvient que François Hollande, tout juste parvenu à la présidence française, avait fait cause commune avec les chefs de gouvernement italien et espagnol, à la mi-2012, pour tenter d'obtenir quelques assouplissements à la politique d'austérité prônée par l'Allemagne. On avait pu croire à l'époque à un début de succès de cette offensive " sociale " mais il avait fallu déchanter : le pacte de croissance " arraché " par François Hollande en compensation de son revirement sur le TSCG (traité budgétaire) s'est évanoui dans la nature et le trio franco -italien - espagnol ne s'est plus fait entendre.
Va-t-il à nouveau donner de la voix ?

C'est ce que pourrait laisser entendre Le Monde, lorsqu'il titre : " Le président du conseil italien trouve à Paris un allié européen face à l'Allemagne " (2 mai 2013).
Extraits :
" Enrico Letta n'aura pas tardé à imprimer sa marque dans une Europe tétanisée par le face-à-face inégal entre la France et l'Allemagne. A peine entré en fonction, le président du conseil italien s'est entretenu avec François Hollande, mercredi 1er mai à l'Elysée, après avoir rencontré la veille la chancelière Angela Merkel à Berlin. Dans la soirée, il s'est aussi rendu à Bruxelles pour voir Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, puis José Manuel Barroso, celui de la Commission, jeudi 2 mai au matin. Sur le fond, Enrico Letta ne cache pas sa proximité de vue avec François Hollande. Pour lui, il est temps pour l'Italie, comme pour l'Europe, de relâcher quelque peu l'austérité, afin de laisser une chance au retour de la croissance. Et tenter d'enrayer la progression du chômage, en particulier celui des jeunes. "

Souhaitons que cette première démarche soit l'amorce d'un indispensable débat, dans la perspective du Sommet européen de juin 2013, un an avant les élections européennes de 2014 ...

Voir aussi :
Avec le TSCG, l'Union européenne se répète et s'enlise

Je ne comprends pas très bien. Qu’on veuille en finir avec l’austérité, en se ‘rebellant’ face aux décisions monolithiques de la troïka, je comprends, mais qu’entend-on par l’idée de mettre un frein à l’austérité pour relancer la croissance ? Il y a comme un vers dans le fruit, ou un serpent qui se mordrait la queue….Veut-ce dire qu’on limiterait l’austérité au profit des services publics ? Ça ne semble pas être la voie qui relancerait la croissance pour nos décideurs. Signifie-ce qu’on va, à la ‘Keynes’, assurer un plus grand pouvoir d’achat pour relancer la consommation ? Mais consommation de quoi ?
A la fin, on revient, me semble-t-il toujours à la question 'quelle croissance ?'
Et tant qu’on en restera à la production de biens de consommations, je ne vois pas comment on sortira de la spirale : production => consommation=> nécessité de croissance= augmentation de cadence ou baisse des cotisations ou des masse salariales pour=> surconsommation…
Il devrait être clair pour tout un chacun, qu’un tel système porte déjà sa mort en lui-même.
Alors, où va-t-on ?
Y a-t-il un pilote dans la navette ? Parce qu’il y a quand même pas mal de passagers…..
Espérons que Mr Letta porte une voie sensée en collaboration avec Mr Hollande, mais je crains que les hommes politiques n'aient pas la clairvoyance des peuples qu'ils sont censés représenter et j'ai l'impression que les portugais, grecs et italiens mériteraient d'être entendus. Là serait la sortie, dans l'expression des peuples à disposer d'eux-même, sans doute....

Bien vu !
Effectivement la formulation donne à penser : " relâcher quelque peu l'austérité, afin de laisser une chance au retour de la croissance. " Cela donne l'impression que l'action " sociale " (relâcher l'austérité) se fait au profit de - et ne se justifie que par - l'impact économique (retour de la croissance).
C'est probablement comme cela que raisonne une large part des milieux politiques et économiques. On retrouve la même problématique avec les argumentaires sur la réduction des inégalités, qui en privilégient l'impact économique (un euro perçu par une personne à faible revenu a plus de chance de repartir dans le circuit de consommation que s'il était perçu par un nanti, qui pourrait préférer épargner ou ... spéculer) sans vraiment en reconnaître la légitimité fondamentale.
C'est évidemment dans l'autre sens qu'il faut prendre tout cela : quel modèle de société veut-on préserver ou construire ? comment réguler l'économie et la finance pour qu'elles y contribuent ?
Dans l'immédiat, le meilleur service que nous puissions rendre à ceux qui souffrent le plus de l'austérité est cependant de soutenir tout ce qui peut ressembler à une amorce de front social en Europe.
Un virage à 180° de l'Europe dans les mois qui viennent ? Il n'y en aura pas, ou alors il résulterait d'un cataclysme.
Une entrée en courbe, infléchissant les politiques actuelles sur un rythme soutenu ? Peut-être.

Un article paru hier sur ce forum évoquait cette question du " quelle croissance " :
" La réalité est qu'il faudrait aujourd'hui - tout en poursuivant la chasse aux dépenses publiques inutiles, somptuaires, purement électoralistes ou de copinage, vaste chantier ! - engager de grands programmes d'investissement (énergies nouvelles, transports collectifs, recherche et innovation ...) et de services publics de qualité. C'est ainsi que l'on pourrait, à la fois, relancer l'activité et planifier un avenir social qui ne serait plus exclusivement soumis au "fondamentalisme marchand" (selon l'expression de Joseph Stiglitz). "
Pour l'Europe, le FMI veut de l'austérité ... et de la croissance

Voir aussi : La course à la compétitivité ou Panurge au pouvoir